Une musique enivrante emplie d’une triste mélancolie flottait dans l’air et semblait guider le souffle du vent qui s’élevait en légère brise. Etait-elle réelle ou n’était-ce que le reflet de son imagination ? Depuis que les pieds de Jensen avaient foulé la terre sèche & poussiéreuse de la ville fantôme qu’était Austin, le jeune homme n’était plus sûr de rien. Lui qui habituellement ne doutait jamais de lui-même ou de ses choix se voyait être dépourvu de tout ces traits de caractère telle que la confiance qui font que l’ont se sent bien, comme si une fois arrivé dans cette ville, celle-ci l’avait privé de tout sens, de toutes émotions qui font de nous des êtres humains. Humain ? Vous ne croyez pas si bien dire, car il s’avère que notre jeune homme soit plus qu’humain, ou du moins possède une force supérieure que ses semblables n’ont pas, encore quelque peu inconnue et mal maîtrisée, un secret profondément enfuit en lui, impossible d’en parler à qui que ce soit alors que l’on ne sait même pas soi-même ce que cet espèce de don ou sort du destin est exactement. Un pouvoir si l’ont pouvait appeler cela comme ça, toujours est-il que le beau brun avait la particularité de « contrôler » le métal et ses composants, l’argent, le bronze, le plomb… Les objets composés ne serait-ce que d’un gramme de métal lui obéissent aux doigts et à l’œil, surtout aux doigts, en prenant la direction que les mains de Jensen lui imposent. Encore faudrait-il qu’il arrive à maîtriser ce qu’il ressentait pour pouvoir dompter ce don, car il s’avère que Jens’ est un homme impulsif qui démarre au quart de tour lorsque l’on a la bonne idée de le provoquer –ce que l’on regrette généralement immédiatement après- et ce n’est pas la première fois qu’un accident est produit par sa faute comme la fois où il s’était rendu dans un de ces bars suspects situés dans un quartiers chauds en banlieue New-yorkaise, un homme visiblement plus qu’éméché n’avait rien trouvé de mieux que provoquer notre homme avant de lui asséné un violent coup de poing dans la figure. Presque aussitôt une lueur argentée s’était mise à briller au creux de ses paumes et l’enfoiré s’était retrouvé avec une épée –qui servait de décoration et était visiblement une reproduction en métal- plantée dans le bras. Dommage. Jensen avait été troublé par son enfance, par ce père qui lui avait fait du mal et dont il n’avait plus eu aucune nouvelle depuis qu’il avait emménagé à New York dans un quartier pourri. Ce père qui avait fait de lui cet être amère, froid, et insensible qu’il était devenu. Grâce à son pouvoir Jensen s’était sentit meilleur, plus fort, presque surhumain, et en plus de se protéger, répandre le mal ne lui faisait ni chaud ni froid, au contraire. Il savait ce dont il était capable et sentait que ce pouvoir renfermait une force extraordinaire encore inexplorée et dès qu’il saurait s’en servir parfaitement plus rien ne l’arrêterait. Plus rien.

Perdu dans ses pensées notre homme marchait sans savoir où aller ni même guider ses pas, de toutes façons il était tout simplement impossible de se repérer, tout n’était que poussières, décombres & carcasses et le soleil tapant contre son front n’arrangeait rien, il faisait une chaleur écrasante et aucun coin d’ombre ni même endroits pour pouvoir s’y reposer un instant bien que toutes personnes censées n’auraient pas l’idée de fermer l’œil ne serait-ce qu’une seconde au milieu de cet endroit à l’atmosphère inquiétante & lugubre. Pas un signe de vie, pas un seul être vivant. Jensen avait la gorge sèche, voila plus de trois heures qu’il marchait, son sac de voyage posé sur une de ses épaules, il avait ôté son débardeur et quelques gouttes de sueur perlaient sur son front. Et soudain, n’immergeant de nulle part, semblable à un mirage impossible, un bâtiment se dressa devant les yeux de notre homme. Un motel miteux dont la porte et la plupart des fenêtres semblaient avoir explosés. Jensen s’arrêta un instant et passa sa main dans ses court cheveux noirs en soupirant et entra en donnant des coups de pieds dans les éclats de verre. A l’accueil un homme mal rasé et dont une cicatrice barrait sa joue lui accorda à peine un regard lorsque Jens’ demanda une chambre. Nouvelle tentative. Cet imbécile semblait absorber par le papier peint complètement décollé du bâtiment et il semblait ne pas avoir remarquer la présence du jeune homme, ou du moins le faisait-il croire. Les hommes sont peu patients et ne supportent pas d’attendre, ils veulent tout, tout de suite, et parmi eux il y a Jensen, et il se trouve que sa patience à des limites, et qu’on lui fasse perdre son temps en le prenant pour un con n’était pas une chose qu’il appréciait avec humour. Ni une ni deux Jensen empoigna le tee-shirt dégueulasse de l’homme et le plaqua avec véhémence contre le mur en le soulevant du sol. Il ne supportait pas que l’on se foute de sa gueule et l’hôtelier –si on peut l’appeler comme ça- semblait s’en être rendu compte un peu trop tard. Devenant soudainement plus à l’écoute le vieil homme lui tendit un jeu de clef en se frottant le cou. Un sourire mauvais en coin déformant ses lèvres, le beau brun attrape les clés et monta dans sa chambre. Un simple lit y était disposé et un lavabo cassé faisait d’office de chambre, la salle de bain était moins malheureuse étant donné qu’il y avait une douche qui fonctionnait et que des serviettes propres étaient à sa disposition. C’était déjà ça. Sans prendre la peine d’ôter son jean Jensen s’écroula sur son lit et s’endormit jusqu’au lendemain matin. Un sommeil vide et sans rêve.

Le lendemain matin Jensen fût réveillé par un rayon de soleil filtrant à travers les volets cassés et s’étira en baillant, il ignorait l’heure qu’il était et s’en foutait pas mal d’ailleurs, il se posait une seule question : où étaient les autres ? Il ignorait comment il allait trouver l’Université d’Austin qui lui avait promis un nouvel avenir. Evidemment tous ignorait à ce moment-là qu’une catastrophe allait ravager la ville d’Austin et faire des milliers de disparus introuvables. La veille, alors que l’avion dont il était passager survolait la ville, l’aviateur avait alors annoncé qu’ils devaient se poser en urgence, l’appareil ne répondant plus à aucun contrôle. Jensen avait alors ressentit une vive douleur aux mains et avait vu avec horreur que la cloison de l’appareil se bosselait comme si des camions invisibles le percutaient avec violence, le beau brun ignorait qu’il était la cause de ce nouvel incident. Jensen s’évanouit pour la deuxième fois, comme à chaque fois que son pouvoir surpassait son conscient. Il s’était réveillé avec un mal de tête insupportable tapant contre ses tempes, et en se réveillant il avait fait face à… Rien. Un immense terrain vague dont la vie s’était effondré en même temps que les rêves de notre jeune homme qui réalisa ce qu’il se passait.

Et maintenant il était là, dans cet hôtel misérable dont les seuls clients étaient des cafards. Quelle merde. Le beau brun bailla en se dirigeant dans la salle de bain et prit une douche glacée qui eut l’effet bénéfique de le réveiller et d’éclaircir ses idées qui étaient pour le moins noires. Il allait sortir d’ici et marcher jusqu'à qu’il trouverait quelqu’un, n’importe qui, ou il allait péter les plombs et massacrer le pauvre type qui tenait l’accueil en bas. Il se sécha rapidement et enfila un boxer, un tee-shirt blanc et un jean noir. Jensen s’efforçait de faire le vide dans sa tête mais des pensées le hantaient sans cesse et des questions s’y bousculaient. L’angoisse. Le beau brun passa sa main dans ses cheveux mouillés et se décida enfin à sortir. Dehors, le même paysage, le même décor, rien n’avait changé durant la nuit. A la position du soleil notre jeune homme en conclut que malgré la chaleur on était à peine le matin. Cette espèce de canicule était aussi incompréhensible qu’insupportable et Jensen ne se fit pas prier pour enlever son tee-shirt aussitôt sortit du bâtiment qui renfermait un peu de tiédeur. ici (a)

Après avoir marché quelques instants, Jensen crut apercevoir un semblant de paysage différent, des arbres avaient résisté au chao régnant et un agréable coin d’ombre était disposé grâce à un mur qui ne s’était pas écroulé. Notre beau brun s’y adossa en se laissant glisser et s’asseya en fermant les yeux pour se reposer un peu. Il donnerait n’importe quoi pour rencontrer quelqu’un. Il donnerait n’importe quoi… C’est avec cette pensée que le jeune homme s’assoupit à nouveau pour se réveiller quelques temps après, il n’aurait sût dire s’il s’agissait de secondes, minutes, ou d’heures qu’il était ici. Quoi qu’il en soit des oiseaux se promenaient en sautillant sur le rebord d’un des murs, preuve que toute vie n’avait pas été irradiée de cette ville. Mais soudainement les oiseaux furent effrayés par quelque chose –ou quelqu’un- que Jensen ne pouvait pas voir et il s’envolèrent. Se relevant brusquement, sur ses gardes, Jensen se retourna pour se retrouver nez à nez avec quelqu’un, une jeune femme plus précisément qui s’avéra être une jolie rousse. Le beau brun ne se priva pas pour la regarder de haut en bas, sans un mot, avec cet air macho, sûre d’eux & supérieur carrément insupportable qu’ont parfois les hommes. Un sourire en coin –qu ne promettait pas d’être sincère- fendit ses lèvres et son regard plongea dans le décolleté provocateur de la jeune femme. Ce comportement qui exaspère les femmes montrait bien que pour Jensen, la jeune fille qui se trouvait face à lui n’avait aucun intérêt, ne serait-ce que son corps pour le moins parfait.

- Mmh… Il semblerait que les magnifiques créatures de cette ville ne soient pas toutes parties.

La voix de Jensen était légèrement grave, un peu cassé, cela faisait deux jours qu’il n’avait pas ouvert la bouche pour s’adresser à qui que ce soit. Notre jeune homme releva la tête en haussant un sourcil moqueur. Son comportement ne révélait en rien ce qu’il ressentait, en réalité il ne savait comment réagir, était-ce normale pour elle de se retrouver seule ainsi ? Etait-elle aussi perdue ? Le jeune homme doutait à nouveau mais c’est d’un ton parfaitement assuré qu’il reprit.

- Qu’est-ce qui t’amène par ici ma jolie ?

Jensen fit glisser le long du bras de la rouquine ses doigts tout en lui posant cette question. Ignorant parfaitement que la jeune femme possédait un couteau suisse et… Un pouvoir.