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 step one, you say we need to talk <reseved>

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Alanis N. McRae
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MessageSujet: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeMar 20 Juil - 12:17

RHYS W. SHEFFIELD & ALANIS N. McRAE


    Ce sont les premiers rayons du soleil, perçant au travers de ses rideaux rouges qui réveillèrent doucement Alanis ce matin. Ca et les premières notes d'une des chansons qui passaient en boucle à la radio ces derniers temps, un groupe californien qu'elle adorait, Train. La chanson était idéale pour un réveil en douceur. Même si la porte de l'appartement qui claquait au départ de son frère finit pour de bon de la sortir de son état semi-comateux. Mais où allait donc son frère à cette heure-ci? Elle n'en avait aucune idée, aussi haussa-t-elle les épaules avant de refermer les yeux pour quelques instants de plus, avant de devoir se lever. En quittant son lit et surtout sa couette bien moelleuse et chaude, elle s'étira de tout son long en baillant au corneille. La journée pouvait commencer maintenant. Pas encore tout à fait réveillée, elle alla ouvrir ses rideaux en ne manquant pas de faillir trébucher deux ou trois fois en cours de route sur divers objets. Non, aujourd'hui elle n'était pas du matin. Après avoir réussi à sortir de sa chambre sans encombres, elle traina les pieds jusqu'à la cuisine, seulement pour constater que la table était mise mais que mis à part le jus d'orange et les bols, il n'y avait rien à manger. Elle grimaça et sentit son ventre emmettre en sourdine une vive protestation. Elle avança vers les placards pour fouiner, à la recherche d'un paquet de céréales qui trainerait encore par-ci ou par-là mais sa quête fut vaine. C'est ce moment là que choisit Malchiah pour rentrer en soufflant, comme s'il venait de courir le marathon. Elle alla dans l'entrée pour voir ce qu'il pouvait avoir et vit alors le paquet que ce dernier tenait en main. Un emballage qu'elle connaissait bien, celui de la boulangerie au coin de la rue. Un grand sourire fendit son visage et elle courru sauter au cou de son frère pour le remercier d'être aller leur chercher un bon petit déjeûner. Et mis à part ce petit incident qui n'en était pas un, le petit déjeûner se déroula normalement. Peu de temps après ça, Mal salua sa petite soeur avant de partir en cours comme il le faisait toujours, en déposant un baiser sur son front. Une fois seule dans l'appartement, elle débarassa d'abord les restes puis alla dans sa chambre pour se changer.
    Elle n'avait pas beaucoup de cours aujourd'hui, mais elle voulait se rendre à la bibliothèque pour travailler un peu un devoir, mais surtout prendre de la documentation sur un sujet qu'elle comptait évoquer dans son livre. Et elle espérait donc trouver tout ce qu'il lui faudrait là-bas, et puis comme en plus, elle adorait passer son temps dans cette immense bibliothèque, c'était tout bénef. Troquant donc son pyjama pour une tenue plus appropriée, elle passa un pantacourt en jean pour le bas, quant au haut, elle enfila un t-shirt gris flanqué du logo des Stones avec un gliet de serveur noir. Et pour une fois elle décida de laisser ses cheveux lâchés, mais elle fourra tout de même un élastique à son poignet en cas où. Elle se connaissait, quand elle travaillait, elle n'aimait pas être gênée par une mèche de cheveux lui tombant sans cesse devant les yeux. Autant prévoir donc de quoi s'attacher les cheveux. Une fois prête et chassures aux pieds, elle prit son sac, préparé la veille au soir, ses clés et bien sûr son précieux, son I-Pod, et se mit en route pour la fac, elle avait du pain sur la planche mine de rien.

    Le trajet de Soho jusqu'à Mayfair où se trouvait Courtauld n'était pas long, encore moins en métro. Alors pour une fois, et comme il faisait un temps magnifique, Alanis opta pour la marche. Ecouteurs dans les oreilles et lunettes de soleil sur le nez, elle s'élança dans la rue, direction le campus. Certains passants la prirent sûrement pour une givrée parce qu'elle marmonnait les paroles des chansons que passait son baladeur. Al ne se préoccupait pas de ce genre de détails, qu'on pense d'elle qu'elle était folle ne la dérangeait pas. Elle aimait la musique voilà tout, et puis ce n'était pas comme si elle était la seule au monde à faire ça. Elle ne hurlait pas d'ailleurs, c'était à peine audible, contrairement à ces gens qui hurlaient au téléphone quand ils étaient dans les transports en commun. Ca oui, ça la dérangeait. Parce que savoir que M. Untel a couché avec sa secrétaire et que celle-ci est "bonne" ne l'intéressait guère. Mais bon, on ne referra plus le monde, alors comme toujours dans ces cas là, elle poussait un peu plus le volume de son baladeur et miracle, enfin le calme, enfin de son côté en tout cas. C'est aussi pour ça qu'elle avait préféré marcher ce matin, pour s'éviter la cohue à l'heure de pointe dans le métro. Ce n'est pas tant qu'elle était agoraphobe mais si elle en avait l'occasion, elle préférait largement profiter du soleil et de l'air frais que de se terrer sous terre tout ça pour s'éviter un peu d'exercice. Pas qu'elle en ai besoin (malgré son appétit loin d'être celui d'un moineau), mais elle aimait toujours autant se balader dans les rues de cette magnifique cité qui l'avait vu grandir. Oh oui, marcher dans les rues presques désertes au soleil. Immuablement, elle pensa à Florence, les vacances étaient encore loins mais elle connaissait la ville presque par coeur, depuis le temps. Elle se verrait bien rendre une visite surprise à sa grand-mère, mais il fallait s'y résoudre, contempler des hauteurs la ville qui inspira la période la plus fleurrissante de l'Italie, ça attendrait les prochaines vacances.
    Après un trajet d'une bonne vingtaine de minutes, Alanis touchait enfin à son but. Courtauld se dessinait au bout de la rue. Une fois qu'elle fut entrée sur le campus, elle estima avoir mérité un petit remontant pour cette marche et fila donc droit vers la cafétaria pour se prendre un bon café au lait. Une fois celui-ci acheté, elle resortit sur le parvis pour le déguster, prenant un peu l'air encore avant de s'enfermer des heures durant dans la cathédrale du savoir, comme elle l'apellait. Il devait être tout juste huit heures trente quand elle entra dans la bibliothèque, sac sur l'épaule. Elle salua la bibliothécaire à l'entrée, qui la connaissait bien puisque la miss venait quasiment tous les jours ici, au moins une fois. Puis elle alla se chercher une place. Elle n'en avait pas de fixe, une favorité, même si c'est vrai, avec Tristan, ils avaient leur coin préféré pour discuter. Mais puisque ce dernier n'était pas là... Elle finit par s'installer à une longue table sur le côté, dans une des petites ailes de la bibliothèque. Son sac posé devant elle sur la table, elle sortit son bloc-notes de cours, ainsi que de quoi écrire et prendre des notes. Elle quitta sa place pour aller chercher deux livres dont elle avait besoin pour compléter un passage de son devoir sur les ramifications politiques de certains textes donnés par son prof. Ca ne lui prendrait pas plus d'une heure, voir une heure et demie. Elle était donc dans les temps. Une fois qu'elle eut trouvé ce qu'elle cherchait, elle alla reposé les deux épais volumes à leur place et se dirgea vers une toute autre allée, celle concernant les mythologies en tout ganre. A présent qu'elle avait pris ce qu'il lui fallait pour finir son devoir chez elle, elle pouvait se consacrer à d'autres recherches, plus personnelles dirons-nous. Une fois le bon livre dégoté (non sans avoir eut recours à un tabouret pour l'atteindre), elle retourna à sa place et sortir le carnet offert par sa grand-mère, celui où toutes ses notes pour son premier roman étaient contenues. Pour vous dire, si il lui arrivait un jour de le perdre, c'est simple, elle perdrait la boule. Parce que ce petit carnet avait tellement de valeur à ses yeux que sa perte causerait sûrement la sienne. En tout cas, ça ne la laisserait pas indemne. Mais vu qu'elle ne préférait pas y penser, elle saisit dans sa petite trousse son stylo et commença à feuilleter les pages du livre tout en faisant tourner son stylo entre ses doigts.

    C'est toujours aussi amusant de voir que quand on fait quelque chose qui vous passionne le temps semble passer trop vite. Lorsqu'elle releva la tête de l'ouvrage qu'elle tenait entre ses mains devant elle, et ce après avoir jeté un coup d'oeil à sa montre, elle fut surprise de voir qu'il était déjà près de onze heures trente passé. Elle sourit et regarda ses notes un instant. Quand elle balaya les alentours du regard, histoire de voir qui était là, elle l'aperçu. Il se tenait près de l'entrée, et il ne la voyait pas. Pas encore du moins. Alors elle s'autorisa à pour une fois, le dévisager avec insistance. Et sans qu'elle ne s'en rende compte, elle souriait déjà, le menton posé sur la paume de sa main, son bras accoudé à la table. Elle ne saurait dire pourquoi, mais elle sentait son estomac se nouer, pour reprendre l'expression idiomatique, elle sentait que des papillons s'agitaient dans son ventre. Oh bien sûr ce n'était pas la première fois qu'elle ressentait ça. Avec son ex, l'an passé, c'était comme ça que ça avait commencé. Mais pourtant là c'était différent. Parce que lui était différent, parce que la situation l'était aussi, et surtout parce qu'elle aussi avait changé depuis. Elle n'était pas un coeur brisé, non, elle avait tourné la page, mais à présent elle se posait plus de questions dans ce domaine là. Et pourtant elle savait qu'il n'était pas le genre de garçon à lui faire du mal. Au contraire, il l'avait déjà prouvé, cette fois là à la caféterai en l'aidant à se relever. Et puis ils s'entendaient bien c'est vrai, ils discutaient toujours quand ils se croisaient au détour des couloirs, ils partagaient bien des points communs. Et puis elle devait bien l'admettre, il était loin d'être désagréable à regarder et il possédait un charme tout particulier auquel elle était assez réceptive, le profil du rêveur. Oui mais voilà, si les choses allaient plus loin entre eux, elle craignait que ses frères ne finissent par le faire fuir. C'est pour ça que même si elle en mourrait d'envie, elle ne tentait rien tout en sachant qu'il serait loin d'être contre.
    Mais oups, prise sur le fait, leurs regards se croisèrent. Elle détourna le regard, se replongeant subitement dans son livre mais le mal était déjà fait. Elle se sentit une parfaite idiote à ce moment là, et espérait qu'il ne la prenne pas pour une folle à le dévorer ainsi du regard. Elle priait aussi pour qu'il ne vienne pas la rejoindre à sa table. Mais visiblement, elle n'avait pas du prier assez fort parce qu'elle entendit des bruits de pas venant dans sa direction. Elle se mordit la lèvre doucement avant de relever la tête, comme si de rien n'était, souriante.

    « Salut, ça va? »

    C'est hélas tout ce qu'elle trouva à dire sur le moment, partagé entre l'appréhension et la joie de le voir. Elle l'invita du regard à prendre place à ses côtés si l'envie lui en prenait. Quant à elle, elle attendait. Quoi au juste, aucune idée, peut-être qu'il parle, qu'il lui dise qu'elle devait arrêter de le regarder à la dérobée, qu'il lui propose de sortir... Oui, c'est ça, elle attendait un signe, mais qui ne viendrait probablement pas après ce qu'elle venait de faire. Dommage.
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeMer 21 Juil - 15:59



    Une longue soirée passée à la librairie à ranger minutieusement les étagères les unes après les autres, m’avaient valu cette lourde fatigue qui vous entraine sans détour au plus chaud des bras de Morphée. Il était donc un peu plus de vingt-trois heures –je dirai, vingt-trois heures et dix minutes, quand je rejoignis ma couette, et pas moins de vingt-trois heure quinze quand je m’endormis massivement. La nuit fut longue et calme, peut-être trop longue d’ailleurs… Au lendemain matin j’ouvris brusquement les yeux et sauta sur mon portable *Argh… Onze heures !*… Et j’imaginais assez bien que pendant le temps que j’avais passé à dormir paisiblement, mon devoir de civilisation lui n’avais en rien évolué ! Je sautai alors du lit, et me prenant un peu les pieds dans les draps, je me rendis au cours d’un voyage parsemé d’embuches dans la salle de bain. La douche fut express –et incroyablement froide… Dirons-nous qu’au moins maintenant, j’étais bien réveillé. Foutu réveil qui n’avait pas sonné… Je m’approchais du débris, naturellement, celui-ci était resté bloqué à trois heures du matin, heure à laquelle je rêvais corps et âme d’un sommeil long, paisible et surtout, réparateur… Bah j’espérais au moins qu’il l’avait été parce qu’en tout cas il avait coûté la vie à mon réveil. Je prenais avec soin le vieux réveil que mon père m’avait offert et le laissais tomber dans la poubelle –rappelez moi de lui en réclamer un autre !
    Passé mon quart d’heure sentimental, je regardais brusquement ma montre. Le sort s’acharnais contre moi ! Onze heures vingt et je n’étais ni habillé, ni coiffé, et… oh ! Mon ventre se mettait à faire des siennes… voilà que j’étais dans une situation idéale pour un travail sérieusement bâclé ! Sans aucun doute, aujourd’hui encore je maudissais mon sens inné pour les réveils matinaux. Du coup, s’en suivit une course contre la montre ; il me fallait faire des choix parmi les tâches qu’il me restait à faire. La première que je choisis d’office fut de ranger mon sac. Je fourrais dedans deux ou trois livres pour mes recherches ainsi qu’un calepin dans lequel je gardais précieusement toutes mes notes. En même temps je tirais un t-shirt de l’armoire ainsi qu’un jean. Qui a dit que les hommes étaient incapables de faire plusieurs choses en même temps ? Bref ; la deuxième étape ; je regardais encore une fois ma montre et… à toute vitesse j’enfilais de vieilles chaussures et rejoignais la bibliothèque de l’école au pas de course. Je connaissais le chemin et ses raccourcis par cœur –malheureusement, la situation que je venais de vivre ce matin n’était pas la première ; c’était d’ailleurs bien pour ça que j’enchainais les étapes avec une habileté déconcertante !

    En chemin j’avais fait ce que j’appelle couramment l’effet tornade ! J’avais –entre autre, heurté de manière barbare les stands des vendeurs de journaux. Bien évidemment, le garçon poli que j’étais s’arrêta auprès de chacun d’eux et les aidais à ranger, au plus vite –ce qui n’était pas au mieux soyons d’accords. J’avais aussi bousculé ô combien de passants –je répondais à leurs grognement par un simple « Désolé ! Je suis sincèrement désolé ! »… et puis je reprenais ma course, dans le bon sens cette fois en évitant du mieux que je pouvais les poussettes et les enfants. C’était peut-être la chose qui me réussissait le mieux ce matin ! Aussi je me félicitais de ne pas avoir pris la décision de prendre le métro ou un quelconque transport en commun. Le métro à ses heures de pointe c’est simplement une anarchie totale et là ; impossible d’éviter les passants même les plus petits. Et puis de toute façon, de vous à moi, le métro je déteste ça. Pourquoi ? Et bien parce que comme des millions de personne à travers le monde je pense que le métro c’est un nid à maladies. Non pas que vivre dans les grandes villes a forcé chez moi le développement d’une phobie des microbes, c’est plutôt que je trouve vraiment désagréable de sentir des odeurs peu anodines dans les couloirs du métro, d’être serré contre le premier inconnu qui se presse dans l’entrée, de tenir une barre d’aluminium poisseuse qui a été serrée auparavant par je ne sais trop combien d’étranges individus auparavant… Et puis encore, s’il n’y avait que le manque d’hygiène. Le métro c’est l’outil de transport de toute la population, dans le bus vous avez donc à faire à la population dans sa quasi intégralité incluant donc une colonie de gens peu fréquentables que je me garde bien de fréquenter. Bien sûr, à cette heure-ci ils dormaient encore eux… Mais c’était tout de même une vieille habitude, une vieille mesure de précaution que je m’étais décidé à prendre une fois survenus mes premiers incidents dans le métro…

    Je mis exactement cinq minutes pour arriver jusqu’à Courtauld malgré toutes les embuches qui m’avaient ralenti. Du coup il était à présent onze heures et demi ; il ne me restait plus très longtemps pour étudier et je doutais sérieusement que trente minutes me suffiraient à me concentrer avec un estomac aussi affamé que le miens. Enfin bref, toujours est-il que j’arrivais rapidement et entier à Courtauld. J’étais essoufflé, fatigué, décoiffé, j’avais incroyablement faim et j’avais un mémoire à avancer sur les Berbères d’Espagne et leurs impacts socioculturels. De tous les malheurs de Rhys aujourd’hui, celui-ci était peut-être bien le pire ! Non pas que ce sujet ne m’intéressait pas –bien au contraire, plutôt que ma curiosité me poussait à chaque fois à pousser mes recherches plutôt qu’à les transcrire. En conséquence de quoi on arrive dans cette situation que vous devez vous aussi connaitre ; je ne savais plus où j’en étais, tout était devenu flou et mon plan devenait une sorte d’immense jardin qui ne demandait plus qu’à accueillir un potager ! C’était terrible…
    Je me présentais alors à l’entrée de la bibliothèque et en survolait du regard chacun des coins. La grande bibliothèque de Courtauld. A chaque fois que j’y entrais c’était le même refrain, le même rituel. J’étais toujours aussi impressionné devant l’immensité de la bibliothèque. Le plafond était incroyablement haut. Les arches qui le portaient ainsi que l’intégralité du plafond étaient en brique ; une brique rouge et ma foi qui avait visiblement déjà bien vécu. A gauche les étagères en bois massif repeintes en blanc étaient au moins deux fois plus grandes que les élèves. Par mesure de précautions les responsables de Courtauld Library avaient laissé à la disposition des élèves quelques tabourets –quoi qu’après réflexion l’usage avait sûrement été détourné… En tout cas peu importe le pourquoi, ils étaient là et ils étaient utiles ici. A droite c’était les tables où s’installaient les étudiants. Face à eux la bibliothèque offrait de grandes fenêtres qui leur laissaient passer suffisamment de lumière pour en oublier la grosse brique rouge. Et puis, il y avait la mezzanine ; là où se trouvaient les chouettes (alias les documentalistes). C’est aussi là que se déroulaient toutes les expositions internes ou externes à l’institue ; parfois il arrivait qu’il y ait des choses intéressantes, toute fois c’était assez rare.
    Passé ce moment de flottement où j’admirais l’immense bibliothèque qui était, et de loin, l’élément que je préférais à l’université ; je cherchais une table à laquelle m’assoir. Là débutait un autre parcours du combattant. Non pas que la population inonde ma bibliothèque, juste parce que j’étais un peu… comment dire ? … exigeant quant à la place où je m’installerais pour travailler. En effet, étant un garçon quelque peu volatile, il me fallait trouver la table où je ne pourrais trouver aucun élément de distraction. En tournant la tête je croisais le regard d’Alanis, même si ce ne fut que quelques dixièmes de seconde. Voilà par exemple la table à laquelle je devrais ne pas m’assoir et qui pourtant m’attire terriblement. Soyons clair la table en elle-même n’avait rien d’attirant, seulement je ne pouvais pas en dire autant de la blondinette qui s’y tenait. Elle avait ce don pour me mettre dans un état assez étrange. Je me sentais joyeux et intimidé à la fois, du coup je sentais la chaleur monter au niveau de mes pommettes –ce qui en soit étant encore plus gênant. Non en fait c’était une catastrophe. Comment pouvait-on se trouver aussi dépourvu de moyen et pourtant foncer droit dans la gueule du loup ?! Enfin n’allez pas penser que pour autant sans présence me gênait ; j’étais, comme toujours, très heureux de la voir, et c’est peut-être bien ça qu’il y avait de plus déconcertant.
    Je rejoignais alors la table, mon sac sur l’épaule droite. Quand elle relevait la tête toute souriante c’était toujours le même problème : lui dire bonjour sans passer pour un imbécile. Au final la solution que j’avais trouvé c’était de sourire simplement et de ne pas ouvrir la bouche. Je posais mon sac sur la table et m’asseyais sur la chaise juste à coté d’elle alors qu’elle venait de me balancer au visage la phrase reflexe. Comment dire ? Mis à part cette montée d’adrénaline qui me prend, la tentative de putsch qui se déroulait au sein de mon estomac, et cet infini retard dans mon mémoire… Ca pouvait aller… Je la regardais l’air un peu torturé et je finis par répondre, toujours un léger sourire au coin des lèvres.

      « Et bien mon estomac tente le coup d’état, et je crains que Morphée ne soit aussi de mèche mais… mis à part ça, ça va ! Et toi ? »

    J’espérais ne pas m’en être trop mal sorti, j’étais encore un peu mal à l’aise, mais tout de même j’attendais une amélioration dans un futur proche puisque c’était toujours comme ça que ça se passait ; au bout de cinq ou dix minutes, je commençais à me faire à sa présence, et à l’apprécier pleinement ! D’ailleurs à ce propos j’hésitais encore, pouvais-je l’inviter à déjeuner ? En théorie la réponse était simple, en pratique elle était plus difficile à mettre en place… Quoi qu’après quelques secondes je fus assez sûr de moi pour me jeter à l’eau ; je n’avais plus qu’à espérer qu’elle accepte… J’avais peu de doutes cependant.

      « Je devais venir ici pour travailler mais vu le peu de temps qu’il me reste et le cirque qui est en train de se dérouler dans mes organes digestifs ; ça te dirait de devenir mon allier contre le putsh de mon estomac et de venir déjeuner avec moi ? »

    Je m’étais prononcé avec assurance mais dans le fond, une fois après m’être lancé je me sentis soudain tellement ridicule. Voilà une bien piètre façon d’inviter une jeune fille à manger… Tourné comme ça, ça passait plus pour une nécessité que pour une invitation. Et voilà que revenait cette douce chaleur envahissante sur mon visage ; je me sentais comme un imbécile à présent et j’esperais qu’elle ne remarque rien ; ce qui n’était en rien gagné !

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Alanis N. McRae
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeMer 21 Juil - 19:34

    Non, pour elle pas de soirée chargée, bien que le fait qu'elle ai passé son temps à relier trois ou quatre fois son devoir tout entier pour être sûre de ne rien avoir oublier l'avait un peu vidée. Mais pas du genre de fatigue physique qui vous laisse sans la moindre énergie, non. Elle, elle était fatiguée mentalement, et quand elle s'endormit sur les coups de vingt-trois heures, devant les images d'un reportage sur les pyramides de Gizeh, elle remercia le ciel qu'un type ai inventé l'extinction programmée. Car bon, laisser la télé fonctionner toute la nuit, Alanis ne supportait pas ça, pas qu'elle soit une écolo pure et dure, mais bon quand même c'était gonflé inutilement la facture d'électricité disons que ça ne passait pas. Non, elle n'avait pas fait de grasse mat, elle n'aimait pas vraiment ça en fait, sauf en vacances, quand elle pouvait se le permettre. Bon certes, elle savait gérer son emploi du temps à merveille, s'organisant toujours de sorte à pouvoir s'aménager des sorties ou du temps libre pour voir ses amis, ou simplement glander. Quand elle avait un creux entre deux cours, elle avançait tel ou tel devoir sur la semaine ou plus long terme. Bref tout ça pour dire qu'elle aimait en tout cas occupé son temps à faire des choses utiles, elle n'était pas d'une oisiveté sans nom. Personne dans sa famille ne l'était d'ailleurs, même Arawn pourtant le plus à même de par son caractère à avoir pu l'être. Et contrairement au parcours du combattant qu'avait eu à endurer Rhys ce matin, elle n'avait pas eu la moindre broutille à signaler, pas une seule ombre au tableau. Mais ça lui arrivait aussi d'avoir de ces matinées où l'on se dit qu'on aurait bien mieux fait de rester au lit, caché sous la couette. Il n'y a pas encore deux jours de ça qu'elle aussi avait enchaîné catastrophes sur catastrophes. Elle s'était réveillée avec un mal de crâne venu d'on ne sait où, ensuite elle avait du manger de simples toasts parce que son frère avait oublié de refaire des courses pour remplir les placards et accessoirement le frigo, ensuite elle avait eu le droit à une douche écossaise parce que le voisin du dessus, absent depuis quatre mois et subitement de retour avait eut envie d'un bain alors qu'elle prenait sa douche. Bref, autant dire qu'en arrivant à la fac ce matin là, son cours avait été bien moins agréable qu'à l'accoutumée pour elle. Mais bon, ca faisait aussi partie de la vie, alors elle acceptait, en se disant que le lendemain serait un autre jour, et espérons-le, meilleur. Éternelle optimiste qu'elle était, et même si son humeur s'en ressentait parfois, Alanis finissait toujours par trouver une bonne raison de dire que la journée n'avait pas été si horrible que ça. Comme la fois où elle avait connu Rhys justement.

    Les transports en commun, Alanis aimait ça, mais pas en permanence. Je m'explique. Si la miss pouvait se rendre quelque part à pieds, elle préférerait toujours cette option là plutôt que de devoir emprunter le métro ou le bus. C'était un principe, et comme la météo lui importait peu, qu'il neige ou qu'il vente, ça ne l'arrêtait pas. En général si elle ne marchait pas, c'est soit qu'elle avait mal aux pieds soit qu'elle était vraiment fatiguée. Quant au fait que le métro et la plupart des autres moyens de locomotion en commun de la ville, étaient de vrais nids à microbes, Al voulait bien le croire, mais à ce rythme là, elle resterait cloitrée en permanence chez elle. Elle voulait bien admettre que oui, parfois il régnait une drôle d'odeur dans les couloirs ou les rames, mais bon, si elle se limitait à ça. C'était bien de se soucier des risques bactériologiques mais elle ne voulait pas que ça lui gâche la vie. Et puis marcher, c'était sain non? Alors elle se faisait plaisir en flânant dans les rues et en plus elle préservait sa santé. Elle y gagnait donc sur tous les tableaux.
    Mais bon, comme tous le monde, quand il lui arrivait d'avoir une panne d'oreiller, elle aussi se trouvait dépassée par les évènements. Et comme pour n'importe qui, il lui semblait alors que tout se mettait en travers de sa route, systématiquement et avec un acharnement sadique. Qui n'a pas au moins une fois dans sa vie vécu ça? Elle n'en était cependant jamais arrivée à éclater son réveil quand celui-ci n'avait pas sonné, parce que dans ce cas là, ça lui reviendrait cher en téléphone portable puisque c'était ce dernier qui lui servait de réveil. Enfin surtout les matins où elle devait se lever tôt, sinon c'était sa chaîne stéréo. Encore une des merveilles de la technologie moderne dont elle vantait les mérites. Ça et les latte macchiato bien sûr. Elle s'en serait bien fait un ce matin sur le chemin mais elle avait absolument besoin d'être concentrée et elle le savait, si elle prenait ce petit délice caféiné, elle ne travaillerait pas à cent pour cent. Autant donc éviter les tentations de ce genre. Surtout dans un lieu aussi plein de tentations que la bibliothèque du campus. Chacun des livres présents ici était une tentation pour elle et sa curiosité. Et puis dans un tel endroit, aussi majestueux et immense, on ne pouvait que lui rendre honneur en y travaillant, au moins un peu. Ce qu'elle avoue, elle faisait assez rarement tout de même quand elle était ici avec Tristan. Quoi que non, ils discutaient tout en travaillant. Elle ne s'étonnait du coup moins qu'on la considère de par son allure comme une intello, le portrait même de la parfaite et gentille jeune fille. Mais dieu merci, ses amis, et tous ceux qui la connaissaient et surtout qui ne s'arrêtaient pas à son apparence, eux savaient bien qu'elle était loin d'être sage comme une image.

    Mais tout aussi studieuse était elle jusqu'à présent, maintenant qu'elle avait vu qui venait d'arriver, elle perdit déjà de son calme olympien. Aussi discrète qu'elle l'avait été, à coup sûr il n'allait pas manqué de venir la rejoindre. Et déjà elle était à la limite de la crise de nerfs. Bon, c'était certes peut-être un peu exagéré, mais en tout cas elle se sentait déjà plus nerveuse qu'en temps normal et autant vous dire qu'elle n'aimait pas ça, elle qui était d'ordinaire si naturelle avec tout le monde. Mais bon, lui ne l'était pas, comme tout le monde, du moins pour elle. C'était un bel imbroglio de sentiments qu'elle pouvait éprouver quand il était dans les parages, ou carrément à ses côtés. Elle était heureuse de le voir, d'être en sa compagnie mais aussi parfaitement paralysée. Précisément parce qu'à ses yeux Rhys était bien plus qu'un ami. Et dans le fond elle savait qu'il en était de même pour lui à son égard. Mais pourtant aucun des deux n'arrivait à dépasser le cap. A ce rythme là, ils pouvaient y être encore dans une décennie, si ce n'est pas plus. Mais elle sembla parvenir à trouver une certaine contenance quand il arriva à sa hauteur, et même assez de courage pour engager la conversation mine de rien. Bon, pas certes de la meilleure façon qui soit, elle aurait souhaité dire quelque chose de moins banal que ce qu'elle avait dit mais bon. Il ne sembla pas lui en tenir rigueur, ce qu'elle appréciait. Elle le regardait prendre un air bizarre, pas réellement descriptible puis l'écouta lui répondre. Elle sourit en apprenant que le pauvre avait une faim de loup avec de surcroît un certain retard de sommeil, mais il gardait la pêche malgré tout. Comme toujours, c'est ce qu'elle appréciait avec lui, il ne se laissait pas démonter si facilement. « J'ai trouvé ce que j'étais venu voir alors tout va bien. J'ai même terminé mon devoir de littérature étrangère plutôt que prévu, enfin une fois que j'aurais rédigé ces notes correctement, ça va de soi. » Dit-elle en désignant du menton la pile de feuilles blanches déposée près d'un gros livre.
    Elle sourit et se replongea, du moins temporairement, dans ses pensées, triturant son stylo en le faisant tourner entre ses doigts. Et même si en effet, la question que lui posa Rhys ressemblait plus à une supplique qu'une invitation, elle n'en resta pas moins surprise sur le coup. Elle ne s'y été pas attendue, et surtout elle ne savait pas comment le prendre. Devait-elle y voir autre chose qu'une simple proposition de se joindre à lui puisqu'il allait déjeuner et qu'elle se trouvait là? Elle n'en savait absolument rien, aussi préféra-t-elle ne pas s'enflammer pour rien et prendre ça comme une simple question, qui n'engageait rien de plus entre eux. Elle essaya de perdre l'air un peu hébété qu'elle devait avoir sur le visage pour le transformer en un sourire, et visiblement elle réussit. Et aussi bien l'un que l'autre s'arrangeait de ne pas voir que l'autre n'était pas super à l'aise. Comme toujours quand ils étaient l'un à côté de l'autre. Et ca serait ainsi tant que l'un ou l'autre ne ferait pas le premier pas officiel qui les feraient passés au stade supérieur. En tout cas, si elle ne répondait pas vite fait, la ça deviendrait franchement gênant. Aussi répondit-elle dans la foulée.

    « J'ai fini ce que je devais faire, alors oui pourquoi pas, de toute façon j'y serai aller aussi, alors autant avoir un peu de compagnie. »

    Et quelle compagnie. Dans le fond, elle ne tenait plus en place et avait hâte de sortir de la bibliothèque pour pouvoir être plus à l'aise à la cafétéria, parce que même s'il y aurait du monde, bizarrement ils seraient moins épiés là-bas, dans toute cette cohue qu'ici dans l'atmosphère feutrée de la bibliothèque. Enfin bref, elle commençait à ramasser et réunir ses affaires de façon un peu plus organisée avant de les ranger dans sa pochette. Elle termina de tout ranger en bonne place, et une fois tout mis dans son sac, elle se retourna vers lui, prête à partir.

    « On y va? », demanda-t-elle en souriant.
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Rhys W. Sheffield
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeJeu 22 Juil - 0:02



    Je n’étais pas du matin, c’était un fait, une habitude, une tragédie. Que voulez-vous quand le sort s’acharne au début on lutte, et puis on s’y habitue ; la preuve me voilà à la bibliothèque vingt-minutes après m’être levé. Soit dit en passant, j’avais complètement oublié de me coiffer, en soit ce n’est pas une catastrophe seulement, quand on s’appelle Rhys Sheffield, c'est-à-dire que nos cheveux s’élèvent de la manière la plus anarchique qui soit, et qu’on invite cette même journée une amie –même plus qu’une amie, à manger… On se sent légèrement ridicule. En fait ce n’était pas mon cas, du moins, ce n’était pas du tout mon cas jusqu’à il y a une poignée de secondes tout au plus. Avant j’étais pris dans ma course folle pour ne pas arriver en touriste et pour avoir un minimum de temps à accorder à mon devoir, mais maintenant que je me rendais compte que j’étais simplement incapable de fournir un travail correct, je me rendais aussi compte que je n’étais pas coiffé –et in fine pas rasé non plus évidement… Vous vous doutez bien que sinon, le portrait n’aurait pas été assez drôle. Et pourtant, malgré tout, j’étais de bonne humeur depuis mes tentatives d’extradition de ma couette, jusqu’à mon installation à la table la plus distrayante qu’il soit. Et dans le fond, en y réfléchissant un peu, il y avait de quoi. Les petits incidents que j’avais subis ce matin même, je les subissais aussi quotidiennement, en conséquence de quoi je m’étais fait à l’idée d’être un paratonnerre à malchance… Si ça pouvait éviter à quelques gens autour de moi de l’avoir à ma place, j’en étais heureux.
    Enfin bref, pour cette histoire de cheveux qui me tracassait un peu, maintenant que je m’étais mis au courant ; je décidais de procéder discrètement… Je passais mes mains dans mes cheveux pour essayer de limiter la casse, et le verdict c’était que mon gout pour la discrétion était surement aussi prononcé que celui d’Alanis. Dans ce sens tout allait bien –encore une fois, je m’y étais habitué. Tant qu’à faire j’en profitais aussi pour jeter un coup d’œil à mes vêtements. Une fois, de la même manière j’avais été surpris –il aurait été bien trop simple que je m’en rende compte par moi-même, avec un t-shirt non seulement à l’envers, mais en plus sans devant-derrière, et pour couronner le tout, par le doyen de l’université ! Bien sûr rien de grave, cet incident là m’avait valu quelques éclats de rire tout autour, un joyeux « Monsieur Sheffield ! Mais où avez-vous la tête ! » -auquel j’avais mieux fait de ne pas répondre, ainsi qu’à un rapide aller retour dans les toilettes à l’autre bout du bâtiment. Joyeuse interlude Monsieur Sheffield.

      « J'ai trouvé ce que j'étais venu voir alors tout va bien. J'ai même terminé mon devoir de littérature étrangère plutôt que prévu, enfin une fois que j'aurais rédigé ces notes correctement, ça va de soi. »

    Je m’attachais à la réponse de l’étudiante avec intérêt. J’étais content de savoir qu’au moins quelqu’un avait bien avancé son devoir. Parce que moi mon devoir de civilisation… Je sortais mon calepin ainsi que la bonne trentaine de feuilles qui en dépassait. Mon devoir à moi il était là, sous forme de bribes. J’avais été un bien piètre élève en prenant toutes ses notes. En fait, au lieu de procéder à ce qui intégrait mon sujet, je m’étais attardé sur les détails qui m’intéressaient et, de fait, je m’imposais un travail supplémentaire qui était de trier tout ce que j’avais rageusement noté. Rien que d’y penser je tirais un léger soupire.

      « J’aimerais bien pouvoir en dire autant ! J’ai l’impression d’avoir encore plus de travail qu’avant d’avoir commencé ! » Je lui montrais mon calepin en souriant même si le contenu et ce qu’il impliquait n’avait rien de drôle : « Ici reposent toutes mes recherches dont la moitié doivent être hors sujet… La curiosité a toujours raison de moi c’est un véritable fléau ! »

    Je secourais la tête l’air résigné mais en réalité –et Alanis le savait bien, je plaisantais. Du coup j’étais plutôt mal barré pour cette fin de journée même si ma journée avait tendance à retrouver un peu une issue normale : maintenant j’étais (partiellement) coiffé et j’étais bien réveillé... Il me restait maintenant une chose à gérer pour peut-être, caresser l’espoir d’être plus à l’aise et être de nouveau sur le chemin d’une éclatante journée : assouvir ma faim d’ogre ce qui en soit, n’était pas une mince à faire ! Dans la famille, ma mère, mon père et Sooz étaient tous d’assez petit mangeurs, mais moi, le béni de la famille, j’étais un loup. D’ailleurs ça pouvait être assez impressionnant parfois, mais aujourd’hui j’allais me garder d’effrayer ma voisine ; déjà que je venais de lui exposer l’idée d’aller manger ensemble alors que ce que je voulais faire c’était l’inviter à déjeuner… La différence a beau paraître infime, pour moi c’était un fossé. Pour vous en convaincre vous n’avez qu’à vous imaginer que, votre petit ami vous invite à déjeuner à la cantine du lycée ! Et bien voilà, ici c’était un peu déguisé mais ça ressemblait à ça… totalement indépendamment de ma volonté… Bah je trouverais bien de quoi me rattraper avant d’avoir franchi le seuil de la cafeteria, bien entendu. Au moins même si j’avais été profondément maladroit, elle avait tout de même accepté.
    Je tournais la tête et fixais un peu l’extérieur le temps qu’elle range un peu ses affaires. Les grandes vitres offraient une vie imprenable sur Somerset House et ses remarquables fontaines. Aujourd’hui il faisait relativement beau sur Londres ce qui expliquait par la présence de tant de monde sur la place de l’institue. Quelques enfants jouaient même dans les fontaines ; ce devait-être des touristes car, tout Londonien sait à quoi il s’expose en profitant des fontaines comme d’une piscine publique. Toujours est-il que de les voir s’amuser ainsi me faisait sourire. Je fus tiré de ma contemplation extérieure par Alanis qui avait terminé de ranger ses affaires et qui était sur le pied de guerre. Je me levai en même temps qu’elle et mettait mon sac sur les épaules tout en commençant à marcher. Je répondais à son sourire –dont je ne me lassais pas soit dit en passant.

      « On est partis ! »

    Une fois sortis de la bibliothèque le long couloir donnait précisément sur la cafeteria –lieu où nous étions censés aller. Il va donc de soi qu’Alanis et moi empruntions ce couloir. J’avais trente mètres, vingt mètres, quinze mètres, pour trouver le courage de dévier notre trajectoire et trouver un endroit où déjeuner un peu plus… ou plutôt un peu moins scolaire. Et pourtant, pourtant l’inspiration ne semblait pas vouloir venir. Le décompte se faisait et moi j’étais un pantin en pleine réflexion. Dix mètres, cinq mètres, trois mètres, deux, un.
    Je saisis sa main au dernier moment et la tirais pour poursuivre dans le couloir en direction de la sortie.

      « En fait j’ai une meilleure idée ! »

    Et là ce fut le summum de la gêne. Il était midi moins le quart et moi, Rhys William Sheffield, je me sentais rougir au moins comme une écrevisse. Malheureusement pour moi, à Londres on pouvait difficilement faire passer ça pour un coup de soleil, encore moins quand le soleil m’est apparu au moment où ma main rencontrait inconsciemment celle qui me rendait dans cet état si particulier. Par reflexe –plus mauvais que bon, je lâchais sa main. Maintenant il fallait que je reste le plus naturel possible et, si possible, faire comme si de rien était. C’était possible ça ?! En tout cas je l’espérais. Dos à elle j’en profitais pour lever les yeux au ciel, il fallait que, par l’opération du Saint Esprit ou de quelqu’un d’autre, ces rougeurs sur mes joues disparaissent avant qu’elle n’arrive à ma hauteur. Tu parles d’un Saint Esprit, pourquoi les miracles n’arrivent-ils jamais quand on a besoin d’eux ?! Je me mis alors à respirer calmement, peut-être qu’en mettant les pieds dehors la température ambiante jouerait sur celle de mes joues… l’espoir fait vivre !


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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeJeu 22 Juil - 11:35

    Il pouvait arriver à Alanis d'être un peu maladroite, de ne pas toujours tout contrôler, mais en règle générale, quand elle n'avait pas quelque chose qui la travaillait, en effet, elle ne sortait pas de chez elle en ayant oublier de se coiffer, mais en même temps elle n'était pas tous les jours que ça arrivait, fort heureusement. Les seules fois vraiment où elle avait été tellement chamboulée pour carrément arrivé en cours avec une chaussure différente à chaque pied, c'était à la chute de cheval de Connor, quand celui-ci se trouvait entre la vie et la mort à l'hôpital et quand on lui avait annoncé le cancer de son grand-père. C'était généralement là oui, que la jeune miss en arrivait à ce point. Car le reste du temps, admettons-le, elle était plutôt du genre organisée. Pas le genre super carré non, mais elle savait au moins donner une priorité ordonnée dans ce qu'elle devait faire. Ce qui couplé avec un bon self-control pouvait parfois lui faire gagner du temps. C'est ce qu'elle expliquait parfois de s'expliquer quand elle constatait à quel point elle pouvait être bordélique pour certaines choses et pas pour d'autres. Son armoire était un capharnaüm monstre, mais son bureau lui était toujours nickel. Un paradoxe qu'elle avait accepter depuis longtemps maintenant. Et puis de toute façon elle ne pouvait pas faire de reproche à son frère, puisqu'elle autant que lui avait son petit coin de bazar dans l'appartement. Elle serait donc bien injuste de le lui faire remarquer et puis tant que ça ne devenait pas insupportable. C'était juste l'affaire d'une paire de chaussures laissées au salon, de quelques vêtements laissés ici et là. Rien de crade comme des assiettes sales laissées là depuis des lustres. Ca non, ils étaient peut-être un peu fainéant sur certaines choses, mais certainement pas sur ça. La vaisselle était toujours faite et les ordures et déchets toujours mis à la poubelle ou trier quand ça pouvait se faire.
    Alors oui de ce point de vue là, elle devait être mieux lotie que ce cher Rhys qui en effet semblait parfois véritablement être un aiment à malchance. Ca lui rappelait aussi Silas, mais lui était vraiment maladroit, comme avec cet épisode au bar et son pauvre t-shirt imbibé de bière. Mais bon, c'était un souvenir comme un autre, pas de raison de s'énerver pour ça, car de toute façon ça n'aurait rien changer. Alanis n'était pas du genre à s'emporter pour un rien, sauf peut-être quand on s'attaquait à ses proches. La oui, elle pouvait passer de la gentille fille à la bagarreuse en un instant, et avec quatre frères plus âgés qu'elle, vous vous doutez bien qu'elle a vite appris à savoir cogner. Et même si elle ne l'avouerait jamais devant ces derniers, elle leur en était reconnaissante, car ça pouvait s'avérer être utile pour une fille aussi menue qu'elle, surtout quand elle sortait le soir. Elle n'avait pas peur, bien que son quartier ai mauvaise réputation, mais savoir se défendre en cas où, c'était un plus. Mais pour le moment de toute façon, elle n'avait aucune envie de se battre, et bien au contraire, elle se sentait devenir presque mielleuse depuis que Rhys s'était joint à elle à sa table.

    Elle ne nota pas réellement la rapide tentative de domptage de crinière du jeune homme, bien trop occupée à essayer de ne pas devenir rouge comme une tomate. Elle concentrait pas mal de son énergie là-dessus, et visiblement un peu en vain. Mais c'était toujours comme ça quand il était dans le coin. Et en effet, ce n'était pas vraiment plausible d'invoquer le soleil comme responsable, bien que la bibliothèque dans sa conception laissait entrer celui-ci de manière plutôt aisée, ni de blâmer la chaleur ambiante puisque pour préserver les ouvrages entreposés ici, la bibliothèque était toujours climatisée. Et prétexter un accès de fièvre soudain,pas envisageable pour elle, elle n'aimait pas mentir, sauf quand elle y était absolument contrainte. Non, il faudrait simplement faire avec, en espérant qu'il ne le remarquerait pas. C'était si facile de ne pas voir certaines choses par on est focalisé sur d'autres. L'amour rend bien aveugle dit-on, c'était peut-être vrai, puisqu'elle ne remarqua pas non plus qu'il ne s'était pas rasé. Enfin pas consciemment, car elle au contraire, trouvait que ça lui allait même plutôt bien. Mais elle vu rapidement sortie de ses réflexions quand il lui retourna sa question. Après qu'elle eut répondu, il en fit autant et elle sourit à sa réponse. Elle savait bien en effet qu'il n'était pas sérieux. Il était comme elle sur ce point là, à être curieux plus que de raison, mais dieu merci dans le bon sens du terme. Elle comme lui donc, pouvait facilement se perdre des heures dans des recherches superflues simplement parce qu'ils s'intéressent réellement à toutes ces choses, au point souvent du coup de s'éloigner du sujet initial. Mais à ses yeux, ce n'était pas un mal. Elle préférait largement ça à un garçon qui ne connaissait rien du monde et qui se satisfaisait parfaitement de cet état de fait. Au moins avec des garçons comme Rhys, ou son ex d'ailleurs, il y avait toujours un sujet de conversation à avoir, et pas toujours le même de surcroit. Mais elle semblait pourtant réussir mieux que lui à canaliser cette vilaine curiosité de savoir, du moins assez pour ne pas se disperser de trop et parvenir à rester dans les temps. Mais ça aussi ça faisait partie de son charme après tout. « Alors on est deux dans ce cas. », admit-elle en souriant.

    Si on ajoutait à sa curiosité sa gourmandise, Alanis aussi était comme le jeune homme. Une fois que son ventre réclamait son dû, pas moyen de faire autre chose tant qu'il n'aurait pas eu satisfaction. Son frère s'étonnait d'ailleurs souvent qu'une fille aussi svelte puisse avaler autant de choses sans jamais finir par devenir aussi large qu'une barrique. Elle même ne comprenait pas non plus et savait qu'on devait lui envier ce point particulier de sa physionomie. Elle pouvait manger deux pizzas à elle seule, s'engloutir ensuite un pot de glace sans jamais caler. Le matin il lui fallait au moins une demi-douzaine de pancakes ou deux bols de céréales pour pouvoir attaquer correctement la journée. Elle ne grignotait cependant presque jamais. C'était peut-être là le secret. Manger beaucoup aux repas mais pas entre. Elle n'en savait rien et dans le fond s'en contrefichait royalement du moment qu'elle pouvait continuer à manger comme bon lui semblait. Même son père avait admit une fois qu'il valait mieux l'avoir en photo qu'à table parfois, car quand la miss avait faim, elle avait faim. Mais elle ne reniait pas sa gourmandise, comme d'autres qui se saignent volontairement sur l'autel de l'apparence. Non non, très peu pour elle. Si elle voyait un muffin qui lui faisait envie, elle l'achetait, sans complexe et se régalait toujours, jusqu'à la moindre miette. Une question de principe peut-être. Mais surtout de plaisir.
    Toujours est-il qu'elle restait un peu pantoise devant la proposition qu'il venait de lui faire. Elle ne pensait pas vraiment à ce style d'invitation, surtout venant de sa part, mais après tout, peut-être que ça n'en était pas une du tout. Mais elle savait qu'elle serait bien sotte de refuser pour si peu. Alors elle commença donc à ranger ses affaires et une fois prête le signala à son voisin de tablée. Ils se levèrent donc en même temps et quittèrent la magnifique bibliothèque pour se rendre à la cafétéria du campus, situé à l'opposé, au bout du couloir qui reliait les deux endroits. Chemin faisant, elle regardait le flot d'étudiants arpentant eux aussi le couloir, de façon distraite, là encore pour essayer de masquer la certaine gêne qu'elle ressentait sans pouvoir y faire grande chose. Et absorbée par cette vaine tentative de paraître décontractée, elle poussa un léger cri et fit une grimace dont elle seule avait le secret quand elle se sentit happée par la main dans une toute autre direction. Visiblement Rhys avait changé de programme. Fallait-il y voir un signe?

    « ...Ok, je te suis. »

    Dit-elle, n'ayant en effet pas vraiment d'autre choix puisqu'il tenait toujours sa main, l'entrainant petit à petit vers la sortie de l'Institut. Elle le suivait donc, marcher légèrement en retrait derrière lui jusqu'à ce qu'il lâche sa main. Et inconsciemment, elle en fut déçue. Elle n'avait pas vraiment réalisé non plus auparavant qu'avancer ainsi, main dans la main était plus qu'agréable, presque naturel en somme. Je dis bien presque, parce qu'elle se sentait tout de même envahie d'une chaleur certes apaisante et douce mais qui mettait le feu à ses pommettes. Elle ne savait donc plus vraiment quoi penser de tout ça. Aussi préféra-t-elle rester en retrait aussi longtemps que possible. Puis une fois les grilles de la faculté franchies, elle se stoppa à sa hauteur, une main tenant la lanière de son sac l'autre remettant une mèche de cheveux derrière son oreille, lui demandant par où ils devaient aller. Elle attendit sa réponse, et une fois celle-ci obtenu, repris la marche à ses côtés. Pourquoi fallait-il toujours que ça soit aussi compliqué alors que tout devait être si simple? Elle savait pertinemment qu'il ressentait quelque chose pour elle, comme elle se doutait qu'il devait en savoir tout autant à son propos. Alors pourquoi, pourquoi fallait-il toujours que ça se passe ainsi? Dans le fond elle savait, c'était cette petite voix dans sa tête qui lui disait de ne pas tout gâcher entre lui et elle, avec ses frères qui comme d'habitude seraient pire que les SS en interrogeant Rhys s'ils apprenaient qu'il sortait avec leur soeur. Oui mais voilà, elle en avait assez de cette situation idiote, et toute aussi optimiste soit-elle, le courage de faire le premier pas lui faisait cruellement défaut. Alors dans un silence emprunt de gêne, presque à couper au couteau, les deux jeunes gens avançaient côté à côté dans la rue, en destination du lieu choisit par le jeune homme pour déjeuner.
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Rhys W. Sheffield
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeJeu 22 Juil - 17:16

    C’est vrai le matin c’était un réel défi à relever pour moi. Quitter la douceur et la chaleur de mes draps pour retrouver la jungle Londonienne, c’était quelque chose que j’avais beaucoup de mal à faire. D’un autre coté, j’étais toujours très heureux d’aller à l’université mais ça, ça ne datait pas d’hier. Depuis ma tendre enfance en fait je suis passionné par l’école, et je dois avouer que maintenant que j’ai toute la liberté d’un étudiant Londonien, je n’en suis que plus heureux. Plus besoin de demander la permission aux parents pour sortir le soir, plus besoin de faire des dizaines et des dizaines de kilomètres en voiture pour rejoindre le centre ville, et surtout je n’étais plus aussi dépendant financièrement de mes parents. La librairie fonctionnait bien et, même si parfois elle me donnait une surcharge de travail conséquente, c’était toujours l’occasion de profiter gratuitement des livres, de faire des recherches, et le tout, gratuitement. Enfin voilà, c’était un tout, et puis il y avait aussi mes amis, et Alanis ; j’étais très heureux à Londres et, même si les matins étaient de vrais nids à incidents à eux seuls, je n’en perdais pas moins mon éternelle bonne humeur. Et puis oh ! J’allais oublier ! A Londres, il y avait une ouverture sur l’Europe et le monde que je n’avais jamais rencontré à Cardiff. Bien sur, on peut aussi croiser dans le Pays de Galle des touristes Allemands, Français, Italiens, mais à Londres c’est certain, les touristes on les voit toute l’année. Et puis il y a aussi les restaurants étrangers et parmi lesquels, mes préférés : les restaurants italiens. Tout près de l’école il y en avait d’ailleurs un bon petit paquet et mon préféré c’était Bella Italia, à 5 minutes à pied. J’y allais tellement dans la semaine que le patron avait fini par me reconnaitre à chaque fois que j’y mettais les pieds. Il faut dire que j’étais déjà fan de cuisine italienne mais alors la leur… C’était juste splendide, en fermant les yeux on pourrait presque se croire au bord de l’Ano. Moi c’est tout ce que j’avais à demander de mieux ; être rassasié, et me souvenir de la belle Italie. Certes il y avait aussi un peu du fait que je voulais éviter la cafeteria. Non pas qu’il ne s’y passe jamais rien d’intéressant –bien au contraire, c’est là bas que j’avais rencontré Alanis, mais surtout que la nourriture n’était pas fameuse, et que j’aimais assez avoir une pause dans la journée, à l’extérieur de l’université… Vous vous doutez bien que le restaurant italien dans ce rôle là était parfait.

    Le léger cri d’Alanis se justifiait par mon brusque changement de direction et non pas par un brusque changement d’idée –mais ça, j’avais été trop maladroit pour qu’elle le comprenne. Finalement, c’était peut-être mieux comme ça, au moins ils arriveraient à la même finalité soit à déjeuner ensemble. Néanmoins ce petit cri strident me fit beaucoup rire, et à peu près autant qu’il fit retourner les étudiants dans le long couloir. Et moi, je tenais toujours sa main. C’était innocent mais c’était tout de même agréable, jusqu’à ce que ça devienne gênant du moins. Maintenant il me fallait trouver une excuse à ce brusque changement de direction. En y réfléchissant un peu c’était beaucoup plus simple à trouver que la raison qui expliquerait les rougeurs sur mes joues contre lesquelles je lutais, et ce, depuis mon arrivé à la bibliothèque. Ce que je trouvais c’était simple et efficace : j’avais trop faim pour me contenter de la purée trop salée et de la viande en caoutchouc de la cafeteria. En réalité bien sûr, c’était juste un prétexte pour passer un peu de temps avec elle et en dehors du cadre universitaire mais ça, elle n’était pas obligé de le savoir –du moins je n’étais pas obligé de lui dire car, entre nous, c’était plutôt mal déguisé et il lui suffisait d’y penser furtivement pour s’en rendre compte. De toute façon, l’un comme l’autre, nous étions tellement experts en discrétion qu’il était juste impossible qu’elle ne se soit pas rendue compte de à quel point elle me mettait dans un état second.
    Passées finalement les portes de l’institue, la jeune femme s’arrêta pour me demander la direction à suivre. Moi, j’étais bien plus absorbé par chacun de ses gestes, et je rêvassais –comme d’habitude. Un jour c’est peut-être bien moi qui remettrais sa mèche rebelle derrière son oreille –en tout cas je l’espérais vraiment. Au bout d’une ou deux secondes de silence –pendant lequel j’étais censé avoir répondu à sa question (et non pas avoir épié chacun de ses gestes), je me rendis compte du malaise et je du faire semblant d’avoir réfléchi à où se situait le lieu où nous allions manger. D’ailleurs je ne savais même pas où nous allions manger –au moins la réflexion avait un peu de légitimité. Mais finalement je choisis de faire dans l’original ; nous allions manger là où j’allais manger au moins deux fois par semaine : à Bella Italia. Je montrais à Alanis la direction du Nord-Est pour rejoindre Buckingham Arcade, Strand, Bedford Street puis Henrietta Street. C’est dans cette rue que se trouvait le restaurant Italien que je cherchais.
    Le voyage se fut dans le silence, en fait Alanis semblait un peu ailleurs, et de mon coté, je me demandais quand cette situation gênante finirait enfin. Pour moi il n’y avait qu’une seule issue, c’était que l’un d’entre nous ose faire le premier pas. Mais pour l’instant, j’étais déjà à la limite de la syncop’ rien que quand je sentais son parfum, ou quand je frôlais sa peau, et quand j’avais pris sa main j’avais eut l’impression de me prendre une violente décharge électrique. Pourtant croyez-moi, ce n’était pas l’envie qui manquait. Qu’est que je ne donnerais pas pour avoir le courage de tout lui avouer, sur le fil de la plume. Encore un élément déstabilisant c’était la méfiance de son frère, Malchiah. Ce gars là était fichtrement impressionnant et il me donnait toujours l’air d’en avoir après moi. Dans le même temps il devait faire au moins vingt centimètres de plus pour autant de kilos, et face à lui je devais faire effet moustique, ce qui ne faisait en rien avancer les choses. Pourtant parfois il m’arrivait de me dire que tout ce qu’il faisait c’était protéger sa petite sœur et qu’en fin de compte, que ce soit moi ou un autre, ce serait le même cinéma ; ce qui avait le mérite de me motiver –du moins jusqu’à ce que je croise de nouveau son regard. D’autres fois je me demandais si ce n’était pas moi qui avais un sérieux problème. Etait-ce vraiment possible d’être aussi déstabilisé par une amie ? Ca n’avait aucun sens et pourtant, à chaque fois c’était le même refrain. Je la voyais et puis plus rien, je prenais des coups de chaud environ toutes les secondes et demi, je sentais d’étranges choses se passer dans mon ventre, et j’avais cet air benêt impossible à maitriser. Tout ce qu’il me manquait c’était du courage –et à long terme.

    Le chemin était court et nous arrivions finalement devant le restaurant Italien. Finalement c’était tant mieux, ainsi le silence de mort prendrait fin et j’aurais l’occasion de me reprendre. Je m’arrêtais devant l’entrée et lui fis signe d’entrer.

      « C’est le meilleur restaurant Italien de la ville que j’ai pu trouver. »

    Je laissais la jeune femme entrer avant moi quand le serveur habituel vint à notre rencontre. Il s’appelait Alessandro et il était né à Milan, ou du moins pas très loin. A chaque fois que j’avais mis les pieds ici c’est lui qui s’était occupé de moi. Les premières nos conversations se firent en italien ; le garçon avait eut un peu de mal avec l’anglais à son arrivée, et puis au final il avait rapidement appris et nous mélangions parfois les deux langues, c’était assez sympathique et c’était également l’un des nombreux charmes que j’avais trouvé à ce restaurant.
    Le serveur nous installa sur une table au fond du restaurant près d’une fenêtre qui donnait sur la cour intérieure. En fait c’était la table à laquelle je m’installais à chaque fois que je venais ici. L’endroit était calme et la vue était jolie, c’était le comble pour faire une pause après une grosse matinée pendant laquelle la malchance s’était sadiquement acharné. Quelques secondes après notre installation le garçon nous amena les cartes bien que pour moi, le choix était déjà fait. C’était mon plat préféré et eux ici, ils le préparaient à merveille : les spaghetti alla Puttanesca
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Alanis N. McRae
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeJeu 22 Juil - 18:44

    Alanis avait songé un temps à se trouver un petit boulot en dehors de la fac, mais en fait, en y regardant de plus près, elle en avait déjà un. Son bouquin ne s'écrirait pas tout seul non? Alors on pouvait considérer qu'elle était écrivain à mi-temps, même si elle ne touchait pas le moindre penny hélas. Mais bon, qui sait, un jour peut-être. En attendant, elle touchait son argent de poche de ses parents tous les mois, de quoi largement tenir le mois et payer la moitié du loyer avec son frère, qui lui gagnait un peu sa vie, en été surtout, en étant moniteur dans le camp de vacances pour enfants de Florence. Mais oui, ils étaient encore tous les deux plus ou moins entretenus par leurs parents, mais en même temps, ils étaient les plus jeunes, c'était donc encore plus ou moins naturel. Et puis bien qu'elle ne soit pas vénale et matérialiste, Al admettait volontiers qu'elle appréciait le fait de ne pas avoir à bosser et que sa famille aie les moyens, car dans le cas contraire, c'est sûr, sa vie serait tout autre. Mais bon, elle n'allait pas refaire le monde, et c'est grâce à ses bonnes notes en cours qu'elle avait eu sa bourse à Courtauld, donc bon.
    Londres. Alanis y avait vu le jour et grandit, elle aimait cette ville pour sa facette cosmopolite, le choc des cultures dans un même quartier parfois, sa position stratégique en Europe, mais aussi pour sa culture, son folklore aussi et même si elle regrettait parfois un peu de ne pas avoir connu cette époque, fière d'être un sujet de sa Majesté. Mais bon, elle devait admettre qu'elle était aussi tombée sous le charme de Florence pour des raisons similaires. Si cela ne tenait qu'à elle, elle partagerait sa vie entre ces deux cités chères à son coeur. Mais c'est vrai, comme dans les grandes villes américaines, ou les capitales européennes, on pouvait tout trouver à Londres, pour peu qu'on sache où et quoi chercher. Mais c'est certain que si comme Rhys, elle n'avait pas connu sa depuis sa plus tendre enfance, elle aussi s'en émerveillerait toujours autant que lui pouvait le faire. Mais c'est vrai, tout aussi fière soit-elle d'être anglaise, sa cuisine préférée restait, et de loin, l'italienne. Son frère disait d'ailleurs qu'un jour on la retrouverait morte dans son appartement, une part de pizza en main. Mascarpone, lasagnes, tiramisu, pâtes, antipasti, fromages,..sans oublier aussi un bon verre de Chianti ou de Lambrusco. Elle n'était pas une gourmande pour rien la demoiselle. Et a chaque retour de vacances sa valise débordait de spécialités rapportées de la Botte pour sa réserve personnelle. C'est sûr qu'après avoir goûter de pareils délices, la cuisine de la cafétéria était loin d'être aussi appétissante, mais elle avait pu manger bien pire aussi, et pour le prix demander, ils ne pouvaient pas s'attendre à déguster de la fine gastronomie. C'était une cafet, pas un restau trois étoiles cité au Michelin.

    Elle n'avait voulu effrayé personne en poussant ce cri mais elle ne s'était vraiment pas attendue à ce qu'on modifie ainsi sa trajectoire. Un réflexe parfaitement incontrôlé. Et cela se vit au sourire gêné et contrit qu'elle adressait à tous ceux qui s'étaient retrouvés eux aussi surpris du coup, ou qui pis, la prenaient juste pour une folle. Ainsi donc Alanis se laissait guidée vers la sortie de la fac, sans vraiment posé de questions, alors qu'elle aurait pu le faire, mais elle ne cherchait pas à comprendre ce qu'essayait de faire Rhys. Il devait savoir, il lui expliquerait en temps voulu. Et puis ça lui évitait de se couvrir de ridicule face à lui si ce dernier venait à la dévisager maintenant alors qu'elle devait être parfaite pour postuler dans un film comme tomate humaine, tellement elle avait pu rougir quand il lui avait pris la main. C'était pourtant un geste tout à fait anodin, mais parce que c'était lui, parce que c'était eux, ça prenait une toute autre dimension, qui implacablement entraînait une sorte de réactions en chaîne incontrôlables pour l'un comme pour l'autre. Et c'est justement pour ça, que trop focalisée sur ses propres angoisses et interrogations que dans le fond, elle ne relevait presque jamais celles de Rhys. C'était se voiler la face pour ne pas se heurter à la réalité telle qu'elle l'était. Ils étaient attirés, indéniablement, mais visiblement Cupidon en décochant ses flèches à ces deux là n'avait pas du prévoir qu'ils mettraient autant de temps pour enfin franchir le pas qui les feraient passés du stade d'amis à un peu plus.
    Une fois sortis du campus, sur le pas des grilles gardant ce dernier, elle lui demanda donc où ils étaient censés aller puisqu'il était l'instigateur de ce brusque changement de plan, à lui donc de savoir la guider. Et après quelques secondes de flottement, elle eut sa réponse. Elle connaissait le restaurant en question, qu'elle identifia facilement avec les indications fournies par le jeune homme. Elle y avait déjà mangé quelques fois. Avec son frère. Mal. Une fois de plus elle s'imaginait tandis qu'ils avançaient en direction de leur destination, les pires des scénarios. Mal qui se mettait à menacer, mais pour de bon le pauvre Rhys déjà assez terrifié par son frère comme ça. Qu'il lui fasse remplir un questionnaire à la Greg House, replis de questions parfaitement indiscrètes, ça oui, il en serait parfaitement capable à vrai dire. De l'attendre à la sortie du campus pour l'intimider. Oui, aussi loin qu'elle pouvait l'imaginer, son frère pourrait se montrer sans limites sur ce terrain là une fois lancé. Aussi avait-elle un peu pitié de Rhys et préférait lui éviter tout ça, autant que faire se peut en tout cas. Mais elle non plus ne comprenait pas pourquoi. Pourquoi elle qui avait une telle facilité avec les mots ne parvenait pas à les faire sortir de sa bouche quand elle mourrait d'envie de le faire. Ecrire, même pas envisageable, elle ne voulait pas qu'il la prenne pour une petite nunuche qui déverse des rimes sur un bout de papier parce qu'elle trouve ça trop mignon. Elle se doutait bien que ça finirait par s'arranger, c'était obligé, mais elle commençait à se demander sérieusement quand. Mais pour le moment en tout cas, ça ne semblait pas être ça puisqu'ils restèrent sans parler tout le long du trajet. Mais en arrivant il fallut bien dire quelque chose, et elle fut heureuse de ne pas devoir dans le fond être celle qui rompait ce silence pesant.

    « Perfetto! », répondit-elle dans un italien légèrement teinté d'un petit accent tout en entrant dans le restaurant.

    Elle se laissa donc guider par le serveur qui venait de les prendre charge à leur arrivée. Visiblement, elle déduisit que ce dernier devait bien connaître Rhys puisqu'ils échangeaient un sourire complice. Elle jeta un bref regard alentour pour se remettre les lieux en tête et s'assit donc à la table désignée par le jeune homme. La table était bien située, avec une belle petite vue sur la cour intérieure du bâtiment. N'importe qui vous dirait que ça avait même un certain côté romantique, de par l'emplacement et bien sûr le fait qu'ils étaient un peu isolés du coup du reste du restaurant. Mais mieux ne valait pas y penser, car sans ça, c'est certain, elle resterait avec ce teint rouge encore longtemps. Elle retira sa veste et la déposa sur le dossier de sa chaise et remercia le serveur quand celui-ci tendit les menus. Petit répit pour elle, elle se cacha derrière la carte dépliée tout en en étudiant le contenu. Une fois son choix arrêté, et après s'être assurée qu'elle ne ressemblait plus à une écrevisse, elle abaissa et referma la carte qu'elle posa à portée de main et sourit.

    « J'ai l'impression que tu viens souvent ici, le serveur t'as reconnu de suite. », ne manqua-t-elle pas de faire remarquer, sans que ça autre chose que dans le but de faire la conversation. « En tout cas le restau est charmant, ça me rappelle le petit restau où on va manger en famille en vacances, à Florence. Le Belle Donne, même si j'avoue que ma grand-mère fait de meilleurs lasagnes qu'eux. »

    Au final, parler de ses vacances en italie, bref de tout autre chose que cette invitation surprise et pseudo déguisée. Elle savait que ça viendrait sur le tapis, elle se connaissait, elle voudrait savoir, mais autant retarder le plus possible ce moment-là. Elle jeta un bref coup d'oeil à sa montre pour s'assurer qu'elle était dans les temps, puis regarda vers Rhys qui souriait d'une drôle de façon.

    « J'ai dis un truc drôle que tu souris comme ça? »

    Bien sûr elle était loin de se douter qu'en fait, ils s'étaient sûrement déjà croisés là-bas, sans le savoir. Si seulement elle avait su.... peut-être qu'ils n'en seraient pas là, que là-bas, loin des pressions de sa famille, en vacances chez sa grand-mère, elle aurait eut le courage de se lancer. Mais bon, avec des i, on pourra toujours refaire le monde.
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeVen 23 Juil - 17:55


    Mes vacances en Italie avec mes parents, c’était le souvenir que j’étais certain de garder gravé à vie dans ma mémoire. C’était nos premières vacances en famille et j’avais douze ans. Ma sœur et moi passons notre temps à nous promener dans les rues de Florence. Nous avions vu jusqu’à la villa la plus reculée, nous n’avions surtout manqué aucun glacier, jusqu’à même nous perdre dans la grande ville de Toscane. Mais Florence était tout de même et sans aucun doute la plus belle ville que j’avais traversé. Certes à l’époque je manquais encore cruellement d’éléments de comparaisons mais, maintenant que j’avais vu une grande partie de l’Europe, mon avis était resté identique. De toutes les villes traversées Florence était la Reine. Bien sûr, Paris, Milan, Amsterdam, elles aussi étaient de très belles villes ; seulement il y avait ce charme que la ville des Medici possédait et que les autres avaient en défaut. Evidement vous devinez que je suis bien incapable de dire quoi, ou même pourquoi, et ce qui peut bien l’avantager par rapport à ses autres concurrentes italiennes. Florence avait cette prestance et cette allure à vous en couper le souffle, et je crois que j’y étais très sensible. Elle avait cet avantage par rapport à d’autres villes dont le charme séduit, telle que Paris par exemple, d’être baignée de soleil du matin jusqu’au soir. Oh bien sûr, à rêver ainsi que voyage et d’Europe méditerranéenne, j’en oubliais de dire à quel point j’étais aussi très attaché à Londres et à la Grande-Bretagne en général. J’étais très attaché au Pays de Galle, puisque j’y étais né et, quand j’y retournais aujourd’hui, même avec mon regard d’adulte, j’y trouvais toujours la même petite ville conviviale. J’y étais attaché, c’est là-bas qu’avait commencé à prendre forme mon éternelle curiosité ; et Dieu sait que le passé de Cardiff avait de quoi la creuser chaque jour un peu plus… Et puis Londres, c’était la ville de la Libération, cette qui représentait une nouvelle vie à mes yeux et un nouveau départ. Londres c’était une ville vaste et riche en patrimoine, elle était taillée pour m’aider à réaliser mes rêves ; c’était une ville d’espoir.
    En plus de lui trouver de nombreux charmes et d’atouts, Londres faisait vivre une mixité des origines ne serait-ce qu’à travers ses universités les plus prestigieuses. Parmi elles bien sur, Courtauld Institute… Si certains venaient déjà de la cité, l’établissement accueillait des étudiants parmi non seulement la Grande-Bretagne, mais aussi l’Europe entière. Il faut dire que ce prestige lui était entièrement mérité. Courtauld était sans aucun doute l’école d’Art qui mettait le plus de moyens dans la réussite de ses étudiants parmi toute la capitale Anglaise. C’était comme ça, les gens –et moi-même aussi, sont fiers d’y étudier… Comme on a tendance à le dire couramment, ça fait bien sur le curriculum vitae. Bon et puis ne négligeons pas ce qui n’est pas négligeable ! Il y avait aussi le choc des cultures, les restaurants italiens, français, asiatiques, et combien d’autres encore ! Alors oui à Londres chacun avait de très bonnes raisons de s’y sentir bien ; et moi je m’y sentais même de mieux en mieux ! A souligner que la jeune fille cachée derrière la carte des menus en face de moi n’y était pas pour rien mais enfin, ça c’était une raison qui m’était propre… D’ailleurs, la voir cachée derrière la carte de cette manière me fit beaucoup sourire ; elle avait trouvé le truc… Bon cette technique là n’était pas d’une discrétion foudroyante mais en tout cas elle était efficace. Remarquez que la discrétion aujourd’hui –mais pas que, ne faisait plus franchement partie de notre vocabulaire à tous les deux. Quand la jeune femme releva la tête et posa la carte, je fis semblant d’avoir fini de m’y intéresser moi aussi, et la posait sous ma main droite.

      « Euh oui, je viens souvent ici. Il est Milanais et j’ai assisté à ses début en anglais ici à Londres. Depuis on a gardé la même habitude. »

    Je tournais la tête en direction du serveur et l’appelait d’un bref signe de main comme quoi nous avions choisi. J’étais tout de même aussi à l’écoute de ce que me disais Alanis ; et le nom de la chaine de restaurant raisonna dans mes oreilles. Je me retournais brusquement vers elle alors que celle-ci regardait sa montre. Le Belle Donne, la via delle Belle Donne, ce restaurant là était juste fabuleux, je me souvenais y avoir mangé plusieurs fois lors de ma visite à Florence avec mes parents. C’est vrai leurs lasagnes, leurs pâtes tout court d’ailleurs étaient divinement bonnes. Alors comme ça Alanis et moi avions mis les pieds dans le même pays, dans la même ville et dans le même restaurant ; il ne manquait plus que ce soit en même temps et là je m’en voudrais éternellement de ne pas avoir fait plus attention… quoi que bon ; d’accord j’avais 12 ans ! Mais depuis j’y étais retourné… Si je l’avais croisé en Italie c’est vrai tout aurait été sûrement beaucoup plus simple, là-bas j’étais dans un tout autre état d’esprit, d’ailleurs bien loin que celui que j’ai quand je suis ici, à Londres… C’est l’effet vacances me direz vous, mais si seulement cet effet vacances avait pu nous rapprocher. Mais arrête un peu de rêver Rhys, non bien sûr que non tu ne l’as pas croisé là-bas ! Premièrement ça ferait trop de coïncidences en même temps ce qui contredit fortement ma malchance habituelle, et deuxièmement, une fille comme elle se remarque.
    Je me reprenais alors qu’elle surprit surement l’un de mes sourires hébété… Ca s’était vraiment gênant. Devais-je lui raconter vraiment ce à quoi j’étais en train de penser ? Je sentis la gêne monter jusqu’à mes joues, bien tôt je serai rouge comme une tomate… Mais non, il fallait que je me reprenne !

      « Ha heu non ! C’est que… Tu parles bien du Belle Donne dans la via delle Belle Donne, avec les les poivrons, les oignons, l'ail et les jambons qui pendent au plafond ?! »

    D’accord j’ai de drôle de références, il n’empêche que la décoration de l’intérieur m’avait marqué et c’était cette même décoration qui était remarquable et qui la différenciait –du moins de vue, des autres restaurants italiens. Sinon la carte bon, au menu les plats italiens, comme dans tous les restaurants italiens ; bien qu’accordons nous, ce restaurant là était l’un des meilleurs restaurants de la ville.
    J’essayais de me remémorer de chacun des détails de ce même restaurant qui m’avait tant fasciné, quand le serveur vint récupérer les cartes et prendre la commande. Bon pour moi il devait bien s’en douter, je prenais quasiment toujours la même chose quand je venais déjeuner ou diner ici, mais je lui dis quand même, juste histoire de confirmer. « Des spaghetti alla Puttanesca Signore ». Je lui souris amicalement avant qu’Alanis passé à son tour sa commande, puis je lui tendis le menu que j’avais gardé sous mon bras. Bon cette fois, plus de protection contre les rougeurs de nos pommettes respectives…
    Une fois Alessandro parti, je reprenais la conversation que nous avions avant son arrivée c'est-à-dire Florence et son sublimissime restaurant : le Belle Donne.

      « Ma famille et moi y allions à chaque fois que nous mettions les pieds à Florence. Le patron est super sympa, le cuisiner et ses lasagnes –c’est vrai, son exquis. » Je m’arrêtais un moment et haussais les épaules en souriant. « Mais si tu me dis que ceux de ta grand-mère sont meilleurs, alors je voudrais en être témoin ! » Je souriais de plus belle. Non ce n’était pas une obligation à l’invitation, juste une plaisanterie. Une plaisanterie qui appelait à nous revoir à Florence pourquoi pas, et même avec un plaisir certain. Loin de Londres, j’étais persuadé que les choses ne pouvaient aller que mieux.

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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeVen 23 Juil - 20:30

    Oh il y en avait bien trop des souvenirs en Italie pour qu'Alanis ne puisse n'en choisir qu'un seul. Mais si réellement elle devait le faire, ça serait cette longue conversation qu'elle avait eut avec sa grand-mère, un soir, alors que ses parents étaient sortis dîner en ville et qu'elle été restée seule avec ses grands-parents, puisque ses frères eux étaient descendus en ville pour assister au petit bal organisée ce soir là. Son grand-père était fiché devant la télé à regarder un film (ou plutôt à dormir devant) et elle et sa grand-mère donc, étaient dehors, sur les chaises longues posées sur la terrasse en pierre, donnant une vue globale sur toute la ville, en contrebas. C'est là qu'elle lui avait parlé de sa passion et que celle-ci lui avait offert à cet effet son premier carnet Moleskine. Elle s'étonnait encore de voir combien cette femme était sage et si intelligente. Elle avait su bien avant tout le monde dans sa famille que la petite fille qu'elle était alors se passionnait pour l'écriture. C'était d'ailleurs un peu elle qui avait instigué en elle cette passion des lettres, en lui lisant des histoires le soir et surtout en lui disant que l'imagination était un bien très précieux dans le monde dans lequel nous vivions, qui lui permettrait toujours de pouvoir s'enfuir si le quotidien devenait trop lourd. Et durant près de trois bonnes heures, elles parlèrent de leurs goût commun pour les livres, de ce que la lecture de certains avait pu leurs apportés, et enfin et surtout de la volonté émergente d'Alanis de devenir écrivain un jour. De savoir que sa grand-mère la soutenait dans ce projet était tellement important pour elle, car elle savait que si vraiment les autres seraient contre, elle la défendrait. Et elle avait du sens méditerranéen dans les veines, ne l'oublions pas. Donc mieux ne valait pas se la mettre à dos si vous ne craigniez pas de vous prendre une baigne. Oui, sa grand-mère tenait une place importante dans sa vie, et d'ailleurs elle se rappela qu'elle devait lui écrire bientôt pour lui donner des nouvelles. Elle détestait le téléphone, car elle gardait précieusement les lettres de sa petite-fille, comme toutes celles envoyées par ses propres enfants et tous ces petits-enfants. Une mama, une vraie quoi.

    Le coeur de la demoiselle était partagé entre ces deux patries, celle qui l'avait naître et grandir et celle où elle passait toujours à coup sûr de merveilleuses vacances. Autant elle adorait la frénésie qui habitait la capitale britannique, autant elle aimait le calme qui régnait dans la cité toscane. C'était oui, inexplicable, et pourtant si évident. Elle ne pourrait jamais se décider à choisir l'une de ces deux villes si elle le devait, parce que chacune apportait quelque chose de spécial et indispensable dans sa vie. Un peu comme si elle se retrouvait devant Salomon et que ce dernier veuille la trancher en deux pour simplifier son choix. C'était juste comme ça, elle aimait son pays, l'Angleterre avec tout son Histoire, ses coutumes parfois un peu rétro et loufoques, ses paysages si variés. Mais elle aimait tout autant la cuisine italienne, l'architecture si particulière de la Toscane, le style de vie et l'accent chantant de la langue. Et puis elle savait que venir vivre à Florence, à la longue finirait peut-être à la lasser, que cette somptueuse cité perdrait de son charme à ses yeux, et elle préférait donc n'y venir qu'en vacances et conserver dans son coeur cette place si particulière, celle d'une ville où tout semble si simple, si facile. Et autant elle aimait Florence, ou comme elle est appelée en italien, Firenze, pour être un exemple type de la culture italienne telle qu'on se l'imagine, elle ne pouvait pas renier qu'habiter une cité cosmopolite et aussi active que Londres était un privilège en soi. Mais bon, elle savait bien que ce n'était là que son point de vue, d'autres ne voyaient absolument pas les choses du même oeil.

    « Je retiens, ça peut s'avérer utile si jamais je revenais à l'avenir. »

    C'est vrai, elle obtiendrait peut-être une meilleure table à l'avenir? Non, elle n'était pas de toute façon du genre à avoir des exigences pareilles. Elle n'aimait d'ailleurs pas ceux qui en abusaient pour agir avec le personnel comme avec des laquais. Rhys bien sûr ne rentrait pas dans cette catégorie. Non, Al pensait pensait par contre à ce type qu'elle avait vu une fois qui avait carrément sifflé un serveur comme un vulgaire chien. Elle l'avait tellement dévisagé que le pauvre avait fini par s'excuser en partant tout en laissant un bon pourboire à ce même serveur. C'était bien Alanis ça. Elle abaissait son menu quand elle aperçu le sourire étrange que faisait Rhys en face d'elle. Et bien loin de savoir pourquoi il pouvait sourire ainsi, elle lui demanda donc. Et la réponse qu'il lui fournit la fit sourire à son tour. La coïncidence était vraiment trop forte sur ce coup. Oui, elle parlait bien de ce même restaurant où par endroit pendaient des grappes d'ail, des poivrons et des jambons au plafond. Ils avaient donc bel et bien fréquenter les mêmes lieux, sans le savoir. Quelle révélation pour elle.

    « Celui-là même. Tu y étais toi aussi? C'est marrant. Si ça se trouve on s'est déjà croisés là-bas sans le savoir. »

    Ajouta-t-elle en ponctuant sa dernière phrase d'un petit signe de tête. Elle pour sa part, elle se souvenait surtout de la musique italienne qui se diffusait en sourdine dans le restaurant, les serveurs tous en pantalons noirs avec une chemise blanche et un petit tablier rouge. Parce que ça lui faisait toujours penser à ces films un peu usés à présent, oubliés pour certains de la Cinecitta, qu'elle adorait regarder pendant ses vacances. Mais avant de pouvoir en dire plus et surtout que Rhys puisse répondre, le serveur arrivait pour prendre leurs commandes. Elle releva la tête vers lui en souriant et parla après le jeune homme assis face à elle. « Pizza norvegese, grazie. » Et une fois le serveur, au passage tout à fait charmant, reparti, ils reprirent leur conversation et elle écouta donc Rhys lui donner plus de détails sur ses passages au Belle Donne. Elle appuya son menton sur la paume de sa main, son bras appuyé à présent sur la table. Son sourire s'élargit quand il évoqua le patron, un ami à sa grand-mère, et surtout les lasagnes de cette dernière.

    « Alberto est très gentil c'est vrai, c'est un ami de la famille, enfin de ma grand-mère surtout. Et si on se retrouve de nouveau tous les deux là-bas en même temps, tu pourras goûter les meilleures lasagnes du monde, je te le promets. Tu ne voudras plus en manger d'autres. »dit-elle en décollant son menton de sa main et en pointant l'index dans sa direction, comme un avertissement mais tout à fait amical vu le sourire qu'elle arborait.

    Oui, c'était en quelque sorte un appel à se revoir là-bas, à Florence, loin de l'agitation londonienne. Bon, rien ne garantissait dans le fond que les choses se passent plus facilement entre eux là-bas, mais il fallait l'admettre, cette ville avait un coefficient de romantisme beaucoup plus élevé que Londres, particulièrement la nuit. Mais elle ne pouvait s'empêcher de déjà se laisser porter par son imagination (un réflexe acquis depuis trop longtemps pour l'enrayer). Des images lui venaient en esprit. De longues balades main dans la main dans les ruelles de la ville dans le soleil couchant, des discussions animées à la terrasse d'un café... Un autre monde en somme, vu là où ils en étaient encore aujourd'hui, à se tourner autour sans être capable d'aller plus loin.
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeSam 24 Juil - 22:35



    Il y avait en Italie quelques choses qui ajoutaient encore au charme méditerranéen du pays. Comme ça, à première vue, si vous me demandiez à quoi je pense, je vous répondrais déjà : les italiens. Pour sûr qu’il y a des italiens en Italie qu’il n’y a nulle part ailleurs oui mais, quels italiens. La chaleur qu’ils dégagent est caractéristique de leur région et, même si on ressent quelque douceur ressemblante dans le Sud de l’Espagne par exemple, ce n’est nullement la même. C’est d’ailleurs la première chose qui m’avait autant touché en Italie, ils alliaient leur façon d’être à un langage doux et classe à la fois. Qui n’a jamais imité l’accent italien juste pour le plaisir ? Moi en tout cas, faute de juste les imiter, j’avais choisi d’apprendre l’italien –rien de plus normal quand on est amoureux d’un pays que d’apprendre sa langue n’est-ce pas ? D’ailleurs c’est ce qui m’avait motivé ; après mon voyage à Florence j’étais décidé à suivre une vocation linguistique. Bon je n’avais pas encore trop d’idée quant au métier que je pourrais exercer mais en tout cas, je me donnais les moyens d’arriver au sommet. Un poste à l’ambassade d’Angleterre aux Etats-Unis, dans les pays d’Amérique Latine ou même en Asie m’aurait bien plût, sinon je me voyais aussi bien traduire des best-sellers, travailler dans les maisons d’édition et traduire les romans… A vrai dire, cette deuxième option me plaisait bien plus que la première, seulement le problème de ceux qui se dirigent vers la traduction est de passer du mode d’emploi de micro-onde aux polars d’Agatha Christy ; car c’était ça qui m’intéressait le plus. La réalité c’est que je me sentais incapable d’écrire un livre –j’étais trop frivole dans mes pensées, et je manquais d’organisation, mais pour ce qui est de les traduire je m’en sentais plus que capable. Dans le même temps, ce métier correspondait aux rares métiers qui me permettaient de creuser dans ma curiosité jusqu’au bout. Rien que pour ça, c’était déjà une épine que l’on m’enlevait du pied…
    Mais là encore, je divague ; je disais donc que les italiens dégageaient une chaleur hospitalière. Ils étaient le genre de personnes à vous accueillir à bras ouverts aussi chaleureusement que l’aurait fait votre ami d’enfance anglais que vous connaissez depuis tellement d’années que vous avez oublié de compter… Alessandro était de ceux-ci, seulement la langue britannique lui avait fait défaut, c’est pourquoi les premières fois que j’étais venu dans ce restaurant nos conversations s’étaient faites en italien. Je souris à Alanis et je m’adressais à elle en regardant le serveur en question.

      « Si tu te sens d’humeur à vouloir pratiquer l’italien, il te sera d’un grand secours en tout cas » Je lui souris et retournais mon regard dans sa direction. Cette fois je haussais les épaules et repris : « Bon il a un accent très Nordique mais ça reste compréhensible »

    Quiconque qui a déjà visité le Nord de l’Italie sait que leur accent est très particulier, et plus particulièrement dans la région de Lombardie. Ils ont en effet cet espèce de dialecte plus proche du catalan que de l’italien qu’ils appellent le Lombard occidental. Ce dialecte est parlé aussi en Suisse Italienne et est, très difficile à comprendre. Voyez, à titre d’exemple, ceci reviens à comparer l’accent du Nord de l’Angleterre à celui de Londres… Au début, lorsque je parlais à Alessandro, je m’amusais à le faire répéter pour saisir un morceau de phrase qui m’avait échappé ; lui bien sûr de son coté, il s’amusait à glisser quelques mots par ci par là de son dialecte milanais, ce qui suffisait ô combien largement à me perdre… Qu’ils sont joueurs ces italiens … !

      « Celui-là même. Tu y étais toi aussi? C'est marrant. Si ça se trouve on s'est déjà croisés là-bas sans le savoir. »

    Ahaha très drôle, c’est une question piège ou quoi ? Oui c’est certain j’y étais, mais d’ici là à l’avoir croisé là-bas… non impossible, un si joli visage ça ne se loupe pas, et ça ne s’oublie encore moins. Mais bien sûr, hors de questions que je réponde ça, d’ailleurs, rien que d’y penser je me sentais me réchauffer… Et quelle horreur, je n’allais tout de même pas récupérer la carte sous ma main pour me cacher… Vite pense à autre chose Rhys…

      « Qui sait… »

    Je laissais ma phrase en suspend et appelait Alessandro pour qu’il vienne d’abord me sauver la vie, et ensuite qu’il vienne recupérer nos commandes. D’ailleurs, Alanis avait elle aussi répondu en italien au serveur. Bien sûr il était habitué, mais ça avait toujours l’air de beaucoup l’amuser. C’était peut-être nos accents anglais qui ressortaient et qui l’amusaient ; néanmoins lorsque le garçon s’amusait à me le reprocher à moi, je ne manquais pas de lui rappeler que son accent italien ou sa manie de parler avec les mains même lorsqu’il parlait anglais, était très caractéristique, et que dans ce sens là, moi aussi je pouvais joyeusement me ficher de sa figure… A chaque fois ce choc des cultures finissait en éclat de rire, et c’était ça qui était bien avec lui : il prenait bien l’humour, ce qui n’était pas le cas d’autres italiens que j’avais rencontré. Oh bien sûr, ce n’est pas ce défaut d’humour qui me contrariait –bien au contraire, je sais à quel point l’humour anglais peut être difficile à cerner ; c’était juste la foudre que l’on se prenait sur la tête après qu’ils se soient sentis agressés… Bah les italiens ont du caractère, et ce n’est plus à prouver ! D’ailleurs, j’avais assisté une fois, au Belle Donne d’ailleurs, à la fureur du patron ; un français c’était permis de critiquer sa cuisiner au point de vouloir partir sans payer. La déferlante qu’il s’était prise en pleine poire devait défier la force de Katrina et moi, je n’étais pas capable de faire autre chose que de rire. Je sais, c’est mal de rire du malheur des autres ; mais ça … c’était juste démesurément à en mourir de rire.

      « Vraiment ? Tu connais le patron du restaurant ?! C’est génial ! Tu pourrais lui soutirer la recette de sa panna cota. »

    D’abord je ne notais pas l’invitation à se retrouver là-bas. Du moins j’avais préféré ne pas noter, c’était… comment dire… ? Pour une raison de survie. Je baissais les yeux. A ces mots je ne pouvais pas m’empêcher de nous imaginer à deux, assis sur un banc face au dôme, dans les rues de la plus belle ville d’Italie. C’était trop proche du rêve et bien trop loin de la réalité ; néanmoins cette idée me secouait un peu de l’intérieur ; je ne pouvais nier que ce serait fabuleux.
    Finalement, je relevais la tête et la regardais droit dans les yeux. Si ce n’était pas une invitation, alors ce serait moi qui l’inviterais à Florence. Passer quelques jours avec elle là-bas c’était un bien trop grand désir pour que je le laisse tomber. Je repris alors en souriant.

      « Tu peux d'ors et déjà prévenir ta grand-mère ; qu’elle se mette aux fourneaux, moi et mes quatre estomacs d’ogre allons lui rendre visite aux prochaines vacances ! »

    Je ris légèrement, dis comme ça, ça faisait certainement incruste, mais c’était de l’humour et Alanis le savait bien. Il n’empêche que j’y pensais quand même ; maintenant que je savais que la grand-mère de la jeune femme faisait les meilleurs lasagnes du monde, il était hors de question de s’en priver !

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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeDim 25 Juil - 13:12

    Bien que globalement, Alanis fut assez d'accord sur le sujet, elle avait déjà croisé quelques spécimens qui dérogeaient pourtant à la règle. Des italiens carrément rustres, mais dieu merci, la plupart de ceux qu'elle avait pu croisé à Florence étaient quand même assez sympathiques. Bien sûr, le voisin de sa grand-mère lui par exemple était un peu ronchon et aigri, parce que lui n'avait plus de famille et qu'il faisait bien comprendre que de voir la maison d'à côté remplie de vie et de rires l'agaçait grandement. Alanis avait presque pitié de lui, car à ce que lui avait dit sa grand-mère, le pauvre homme avait perdu sa femme et ses deux enfants dans une tragédie, prématurément, et que depuis il n'avait jamais réellement fait son deuil. Ce qu'elle pouvait comprendre aisément puisque celui-ci était triple. Perdre trois personnes chères en même temps, ça doit être un traumatisme affreux, qu'elle ne s'imaginait même pas pouvoir traverser elle-même. Elle qui redoutait déjà tellement la disparition de sa grand-mère. Et pour ce qui était de l'apprentissage de la langue, pour Alanis, contrairement à une passion ou un hommage fait au pays qu'on visite, elle, elle n'avait pas eu le choix. Ses grands-parents lui ont appris déjà son plus jeune âge à parler italien, comme à ses frères avant elle. Et même si au début c'était assez difficile pour elle, elle s'en était accommodée et y avait même vu un avantage certain à plus long terme. Encore une fois, Alanis réalisait dans ces moments là à quel point en fait, sa vie avait pu être privilégiée quand on y regardait bien. Bien sûr, ils ne roulaient pas sur l'or, c'est vrai, mais grâce à des placements et de bons métiers, chacun gagnait bien sa croute. C'est aussi pour ça qu'en fait, elle continuait ses études, pour au cas où, si vraiment elle ne devait pas réussir à devenir écrivain, elle pourrait toujours au pire s'orienter vers l'enseignement ou alors le journalisme. Deux options qui étaient parfaitement acceptables de son point de vue. Mais bien sûr, elle espérait quand même rencontré suffisamment de succès pour pouvoir vivre de sa passion, réaliser son rêve d'enfant. Mais personne ne sait de quoi demain est fait, alors prévoyante comme elle l'était, en tout cas sur ce point là, Alanis s'était déjà prévu un plan B.
    La miss écouta donc Rhys lui parler du serveur, avec qui il avait noué une sorte d'amitié insolite, chacun aidant un peu l'autre dans l'apprentissage de sa langue maternelle. C'était assez drôle, de les imaginer s'invectivant l'un l'autre dans une langue différente et de quand même finir par rire de bon coeur. Mais connaissant le caractère du jeune homme, ça ne l'étonnait guère en y pensant bien. Elle acquiesça à sa réponse, oui, même avec un accent nordique, son italien restait compréhensible même pour elle. Mais sans cela, certaines subtilités lui resteraient sûrement encore insoupçonnées.

    Non, ce n'était pas une question piège mais bel et bien une simple remarque. Elle aussi n'aurait pas pu oublier un tel visage si elle l'avait vu dans ce restaurant, ah ça non. Et puis elle se consolait en se disant que certes ils étaient visiblement peut-être dans la même ville durant la même période, mais que cela n'impliquait aucunement le fait qu'ils se soient forcément croisés dans le même endroit. La ville était grande tout de même. Mais c'est vrai qu'en y repensant, elle avait une légère touche d'amertume. Qui sait en effet ce qui aurait pu se passer avant. Elle se serait sûrement évité cette peine de coeur qui la travaillait encore un peu tout de même. On ne tire pas une croix sur une année de relation comme ça, même si on savait à quoi s'attendre. Mais bon, c'était le passé, rien ne servait de se morfondre, et surtout pas en la présence de Rhys. C'était aussi peut-être ça, une peur latente, de se retrouver seule à nouveau qui l'empêchait de se lancer avec lui. La possibilité de devoir le croiser chaque jour après et de devoir perpétuellement ensuite donc devoir vivre comme ça. Aussi optimiste de nature soit-elle, elle avait encore du mal inconsciemment à se faire à cette possibilité là. C'était encore trop tôt pour elle. Alors même si toute cette situation devenait de plus en plus invivable, elle préférait que ça reste ainsi plutôt que Rhys ne sorte de sa vie. C'était peut-être tordu comme raisonnement, mais à ses yeux, ça tenait la route. « Oui, qui sait. » dit-elle donc le regard perdu dans le vague.
    Bien loin des considérations culturelles, elle essayait de chercher dans sa mémoire une image. Une qui l'avait travaillé il y a de ça deux ans maintenant. C'était très furtif, et vague pour le moment, mais tout en y repensant avec un peu plus d'attention, il lui semblait qu'elle finissait par y voir plus clair. C'était sur la place du Dôme, la place même au coeur de la ville. Ils se baladaient tous en famille, elle tenait par le bras son frère Mal puisqu'ils étaient toujours fichés ensemble ces deux là, et en remontant l'une des artères adjacentes, elle avait percuté, sans le vouloir, quelqu'un, brièvement, un garçon d'à peu près son âge. Non, ça ne pouvait pas être lui. En fait si, mais elle se dit alors que ça serait vraiment très étrange toute cette affaire. Que deux événements presque similaires se soient produits en les impliquant tous les deux. Et plus elle y pensait plus elle était convaincue que si, qu'il y avait peut-être quelque chose entre eux de bien plus grand qu'il n'y paraissait. De quoi la rendre presque parano ou en tout cas de se croire limite mystique. Mais elle se garda bien de lui en parler.

    « J'essayerai mais je crois que tu peux faire une croix dessus. Alberto n'est pas du genre à vendre la mèche sur ses recettes, comme n'importe quel italien je pense. »

    C'est vrai, les italiens étaient toujours si peu enclin à partager leurs petits secrets de cuisine. Même sa grand-mère ne lui avait toujours pas dit comment elle rendait ses lasagnes aussi délicieuses. Ce qui la faisait toujours particulièrement rire puisqu'elle lui rabâchait toujours les oreilles avec ça, qu'un jour elle deviendrait la dépositaire de ses secrets. Elle espérait donc qu'elle les lui livreraient en personne, et non sur un papier qu'elle recevrait après son décès. Mais passé ce petit moment d'anticipation, elle lança bien malgré elle, son "ça" devait avoir pris le dessus durant cette fraction de seconde où elle avait remué les lèvres, elle l'invitait à venir manger les lasagnes de sa grand-mère, comme une promesse de se revoir. Et comme elle s'y attendait un peu, le gourmand qu'il était accepta, sans relevé ce que sa proposition impliquait à postériori. Tant mieux. Elle sourit à sa réponse.

    « Je lui dirais dans ma prochaine lettre, sans problème. Elle adore cuisiner de toute manière. Et puis quand il y en a pour une vingtaine, y en a pour tous. »

    Ca c'est bien vrai, car quand ils se retrouvaient tous là-bas, chaque repas devenait presque un casse-tête car mine de rien, préparer un repas pour toute la famille réunie, ce qui oscillait entre minimum dix personnes et maximum dix-neuf, heureusement que la vieille dame aimait faire ça car sans ça, ça serait vite devenu un véritable enfer. Et il fallait admettre que peut-être aussi elle avait une bonne part de responsabilité dans la gourmandise avérée de sa petite-fille. Mais Alanis lui pardonnait facilement. Une bonne part de tiramisu ferait passer tout ça sans problème. En parlant de ça, peu de temps après, le serveur revenait déjà avec leurs commandes. C'était du rapide dis donc. Un bon point pour eux se dit-elle tout en disposant sa serviette sur ses genoux.

    « Hum, ça sent divinement bon. Tu as eu une excellente idée de venir là, je t'en remercie...et mon estomac aussi. », lança-t-elle en riant tout en se saisissant de son couvert. Car oui, Miss Alanis avait beau être une fille, une fois devant une pizza, elle tenait plus de la princesse Fiona que d'une dame de ce monde. Là plus de manière et de bienséance, c'était souvent avec les mains et en n'en perdant pas une miette. Mais bon, elle était au restaurant, elle tacherait donc de se retenir, par principe. Mais ça serait dur.
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeDim 25 Juil - 19:07



    C’est vrai, tous les cuisiniers aiment garder leurs secrets culinaires pour eux. Parce qu’ainsi ils sont certains de ne pas être calquer par d’autres cuisiniers et ainsi, de garder leur clientèle, voir même de la fidéliser. Parce que les restaurants c’est comme n’importe quel autre magasin, pour réussir à percer parmi d’autres, il faut savoir fidéliser ses clients ; et compter sur eux pour le bouche à oreille bien entendu. Mais quand il s’agissait de restaurants italiens avec des cuisiniers italiens, tout cela prenait une bien autre tournure. Il ne s’agissait plus de garder un secret de cuisinier pour garder ses clients, non, c’était encore plus. Pour eux, c’était toute une histoire de famille qui remontait parfois à plusieurs générations. Les secrets se transmettaient de père en fils –ou de mère en fille d’ailleurs, que ce soit dans les domaines artistiques, d’ingénierie, culinaires, ou bien d’autres encore. Et quand on comprend ça, on comprend aussi tout l’attachement que les méditerranéens portent à la famille et aux générations précédentes. C’est d’ailleurs quelque chose de grandiose que je n’ai jamais retrouvé nulle part ailleurs qu’en Europe Méditerranéenne, et dans les pays d’Afrique du Nord. Apprenez à un enfant, qu’il soit français, anglais ou allemand qu’il va passer plusieurs semaines de vacances chez sa grand-mère, il va souffler, bougonner, et trouver toute sorte d’excuse pour échapper à la lourde sentence qui s’abat sur lui. Là-bas non, jamais, les enfants respectent leurs parents et leurs grands parents, et chacun d’eux partagent des anecdotes de leurs époque que chacun écoute avec émerveillement. Et c’est ce respect mutuel entre générations que j’avais le plus admiré chez les italiens. Alors la réponse d’Alanis me faisait sourire, elle connaissait bien les italiens et leurs réactions puisque d’un coté elle l’était, et c’était encore une partie d’elle que j’appréciais énormément. Son caractère bien trempé à des moments, et sa douceur à d’autres ; quand elle parlait de sa grand-mère par exemple, on sentait beaucoup d’amour et de tendresse, c’était juste admirable.

      « Bon et bien tant pis, je serai oblige d’aller satisfaire ma gourmandise à Florence même ! »

    Ce qui en soit n’était pas vraiment un problème… J’adorais m’y rendre et toutes les raisons étaient bonne pour y mettre les pieds. La dernière fois ma sœur et moi avions essayé de faire croire à nos parents à une foudroyante fatigue, qui nous avait pris Sooz et moi, et que la fatigue était telle que nous ne sentions pas assez fort pour prendre l’avion. Naturellement ceux-ci avaient rigolé et nous avaient démasqués en quelques minutes seulement, mais au final nous avions quand même rallongé nos vacances de quelques jours. Ces quelques jours Sooz et moi en avions profiter pour longer l’Arno sur une barque avec des pêcheurs, et aussi et surtout, nous avions profiter du maximum de promenades nocturnes que nous pouvions faire. D’ailleurs, maintenant que j’y pensais un soir alors que ma sœur et moi faisions une course pour rejoindre l’hôtel j’avais percuté une demoiselle, ce qui ressemblait étrangement à ma rencontre avec Alanis quelques mois plus tôt. Néanmoins il faisait nuit et je n’avais pas vraiment eu le temps de voir clairement son visage. Je m’étais excusé en anglais, je m’étais assuré qu’elle allait bien et j’étais reparti, aussi rapidement que j’étais arrivé… C’était peut-être une coïncidence mais il n’empêche que je commençais à me demander si nous ne nous étions effectivement pas rencontré à Florence. Bon ce n’était qu’un présentiment mais, j’y croyais quand même plus que d’habitude. Mais comment voulez vous amener ça sur la table ? Comment aborder le sujet ? « Hey mais c’est pas toi que j’ai renversé quand j’courais dans les rues de Florence ? Mais si rappelle toi il faisait nuit et ni toi ni moi n’avons vu le visage de l’autre » Non, impossible, c’était trop dingue et elle me prendrait pour un fou d’avoir pu croire à une telle coïncidence.

      « Je lui dirais dans ma prochaine lettre, sans problème. Elle adore cuisiner de toute manière. Et puis quand il y en a pour une vingtaine, y en a pour tous. »

    Je ris légèrement en entendant la réponse d’Alanis. Je voyais parfaitement à quoi elle faisait référence. Finalement toutes les grands-mères n’étaient pas si différentes que ça, même à l’international. La mienne était exactement dans ce genre là aussi. Elle adore recevoir, surtout quand ce sont ses petits enfants… Les plats sont toujours largement fournis et, si jamais le malheur vous arrivait de détourner la tête une seconde pour, par exemple, admirer la bêtise de votre voisin de gauche, vous vous retourneriez avec horreur et verrait pour la dizième fois consécutive votre assiette de nouveau remplie comme au début du repas. C’était drôle… et consistant à la fin. Ma grand-mère elle en tout cas, elle mesure la réussite de son plat au nombre d’assiettes terminées, et croyez moi, si elle n’a pas encore mérité le Guinness des records, ça ne saurait tarder.

      « Je vois un peu le genre, ta grand-mère est une vraie grand-mère de compétition, un peu comme la mienne ! »

    Mais qu’est-ce qu’on aimait se retrouver en famille chez nos grand-mère tout de même. C’était l’instant privilégié où tout le monde se réunissait et, l’espace d’une journée, on oubliait tous nos petits soucis quotidiens, ce qui comptait c’était la famille. J’avais la chance d’avoir une horde de cousins et de cousines presque tous du même âge. En fait j’étais le plus jeune mais depuis que j’étais tout petit j’étais avec eux et je les avais suivi dans tous leurs petits tours de force. Nous construisions nos journées de rien : un immense champ près de chez ma grand-mère était notre terrain de jeu, mais à chaque fois nous rions aux éclats des heures durant ; toujours après avoir savouré un repas royal chez ma grand-mère… Et ça ; c’était divin !
    Le service c’est vrai était rapide ici, d’autant plus que le restaurant aujourd’hui n’était pas à sa capacité maximale. Alessandro, le serveur italien nous apporta donc nos plats quelques minutes seulement après avoir commandé. Il n’était d’ailleurs pas encore sorti de la cuisine que l’odeur des plats fraichement cuisinés arrivait déjà à mes narines. A chaque fois c’était la même histoire, rien que l’odeur vous prenait aux tripes et l’attente était intenable. Je regardais le garçon arriver avec nos plats et les poser à table. Après nous avoir souhaité un bon appétit il repartit et là, vint toujours ce moment. Je regardais le plats ne sachant comment m’y prendre, ni par où commencer. Alanis elle n’y allait pas par quatre chemins et avait saisit fermement ses couverts ce qui m’avait tiré un très long sourire.

      « C’est toujours plus appréciable que la cafeteria. Je te souhaite une bonne reprise de pouvoir sur ton estomac. » C’était ma façon à moi de lui souhaiter un bon appétit…

    Plus appréciable que la cafeteria de l’institut, rien n’était moins sûr. Non seulement pour la nourriture, mais aussi pour l’atmosphère, c’était d’ailleurs les raisons qui avaient principalement motivé mon précédent changement de direction. Même s’il lui manquait encore le courage de faire le premier pas et d’avancer, déjeuner juste avec elle en dehors du contexte universitaire ça me faisait un bien fou. Ces instants là étaient rares et je savais bien que pour y avoir droit plus souvent il fallait se lancer ; mais voilà je manquais encore cruellement de confiance en moi, même si ce genre de moment me motivait à reprendre confiance.

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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeLun 26 Juil - 0:08

    Oui c'est vrai, c'était une fondamentale dans la mentalité italienne typique, cette importance de la famille. Le respect que l'âge impose d'une génération à l'autre, les liens noués aussi entre les différents membres d'une même famille. Jamais, au grand jamais non elle ne penserait une seconde à manquer de respect à sa grand-mère ou n'importe qui de la génération de ses parents. Car avec ses frères bien sûr, c'était une autre paire de manches. Là oui, elle pouvait presque jurer aussi bien qu'un charretier. Il faut dire qu'avec ces quatre énergumènes là, elle avait été à bonne école. Et c'était marrant de voir comment maintenant qu'il était devenu papa Connor avait changé et s'efforçait de ne plus s'énerver aussi facilement et surtout de baisser sa dose de gros mots. Quand elle y pensait, Alanis espérait pouvoir emmener ses propres enfants en vacances chez sa grand-mère, qu'ils puissent connaître les mêmes joies qu'elle avait pu connaître ici, et les valeurs aussi chères à ce clan, car oui, vu leur nombre, toute cette famille là formait un clan. Italo-britannique certes, mais c'était un beau brassage culturel selon la principale concernée. Mais c'est vrai qu'il y avait une autre tradition, celle du secret. Car on ne révèle pas à n'importe qui, ami ou non, sa recette. Que ce soit une question de technique de vente, ou non. Ca passe oui en effet d'une génération à l'autre, comme un trésor précieux gardé avidement. Sa grand-mère lui avait raconté une fois que dans un village voisin, une histoire de secret de tiramisu avait mis deux familles pourtant amies depuis des lustres à feu et à sang. Mais Alanis avait mis ça sur le compte du tempérament un peu, comment dire, sanguin des méditerranéens. Bien que bizarrement, elle n'ai jamais vu ni son grand-père ni sa grand-mère s'emporter. Il y avait bien sûr quelques chicanes avec ce fameux voisin, mais ça n'allait jamais plus loin. C'est aussi ça qu'elle appréciait à sa juste valeur, le calme relatif que lui offrait ses vacances à Florence. Une paix relative. Et oui, à force d'aller chaque année sur le territoire italien, de parler la langue depuis ses 6 ans, elle commençait à bien les connaître les italiens, eux et leurs coutumes.

    Sa grand-mère, c'était sa plus grande supportrice, son modèle. Elle a eu une vie si remplie qu'elle espérait sincèrement pouvoir arriver à son âge et se dire qu'elle aussi elle aurait profité de sa vie à son maximum en n'ayant le moins de regrets possibles. Oh bien sûr, Alanis aimait énormément sa mère, et elle aussi était une figure féminine prédominante dans sa vie, bien sûr, entourée de cinq hommes à la maison.... Mais avec sa grand-mère, elle ne saurait vous l'expliquer, c'était différent, plus fort. Peut-être précisément parce qu'elle avait acquis avec son âge une sagesse qui coïncidait plus avec la nature d'Alanis. Et puis c'était elle qui la première avait encouragé cette dernière dans son rêve de devenir un jour écrivain. C'était sa première lectrice, sa première critique aussi, et ça, ça comptait pour Alanis. Et surtout, sa mère le lui avait dit quand elle était plus petite, qu'elle ressemblait beaucoup à sa propre mère à son âge. Elle espérait en tout cas finir comme elle, si la ressemblance était si flagrante.
    Mais quand à cette fois là, dans la rue, cette collision, oui, c'était vraiment étrange. Car même si c'était ce qui effectivement était arrivé, elle ne voulait pas croire au destin. Pour Alanis, on est toujours maître de son destin, ce sont nos choix qui ont des conséquences sur notre avenir, et non, en aucun cas l'oeuvre d'une puissance supérieure, omnisciente et omnipotente. Ça serait tellement déprimant si c'était le cas. Car ça impliquerait que quelqu'un serait suffisamment injuste pour favoriser certains et laisser d'autres enchaîner les galères. Non, elle n'était pas absolument croyante, mais ça elle refusait de s'y résoudre. Son éternel optimisme en prendrait un sacré coup c'est certain.

    « Ou tu peux t'en faire expédier. », lança-t-elle en rigolant.

    C'est vrai, de nos jours rien de plus facile, si bien sûr on était prêt à y laisser quelques billets verts, que de se faire envoyer par la poste ces petites merveilles gastronomiques par courrier spécial et de savourer l'Italie en plein coeur de Londres. Mais bon, le cadre rendait meilleur encore ces petits plats typiques, Alanis était la première à le dire. Et puis elle se doutait en effet que Rhys n'avait pas besoin de ce prétexte là pour se donner une bonne raison de retourner à Florence. Car comme elle, il était tombé sous le charme de cette ville enchanteresse. Il y avait tellement de choses magnifiques là-bas. L'architecture, l'empreinte laissée par la Renaissance, qui avait d'ailleurs pris naissance dans cette ville même. Il y avait cette atmosphère qu'on ne retrouvait nul part ailleurs, même pas à Rome. Et ce je ne sais quoi qu'Alanis ne pouvait décrire. peut-être l'attachement émotionnel, la force de l'habitude. Mais c'est vrai ces instants privilégiés en famille étaient si agréables. Et surtout indissociables de sa conception même des vacances. Tout le monde se retrouvait là autour de la mama. Ses cousins vivant ailleurs en Angleterre ou en France, son frère et sa femme et la petite maintenant, Arawn qui revenait de France, mais aussi ses oncles et tantes, des deux côtés de la famille en plus, car sa grand-mère accueillait volontiers les frères et soeurs de son père. Je vous laisse donc imaginer quand tout ce beau monde se retrouvait à la même table. Heureusement que le jardin était grand. Et elle connaissait aussi cette fâcheuse tendance des grands-mères lors de ces repas là à remplir l'assiette dès qu'elle l'estimait trop vide à son goût. Mais bizarrement, on ne disait jamais rien et on se contentait de manger, pour faire plaisir, et aussi dans le fond parce que c'était toujours si bon.

    « Oui, je crois que ça doit être un gêne latent qui se développe une fois que le cerveau intègre l'information "petits-enfants". »

    Peu de temps après son petit mot d'esprit arrivait d'ores et déjà le serveur avec leur plats. Effectivement, elle ne pouvait que constater que le restaurant n'était pas plein et donc conclut que la rapidité du service en subissait la corrélation. Et puis comme Rhys avait l'air d'être un habitué, elle se disait aussi que du coup en cuisine on le faisait un peu passé en priorité. Mais elle devait se faire des idées. Quand elle sentit le fumé de sa pizza, elle n'hésita pas une seconde, pas comme Rhys en tout cas, et empoigna son couvert. Tant pis si ça la faisait passer pour une vorace, mais bon, tant pis. « Bon appétit à toi aussi. », ajouta-t-elle en prenant effectivement sa réponse comme sa façon à lui de lui dire bon appétit. Après un bref sourire, elle attaqua donc son plat, avec une joie non dissimulée. Et la conversation dura encore un peu, premièrement sur la qualité de leurs plats respectifs, la cuisson, bref les banalités qu'on peut s'échanger durant un repas et après, silence. De telles petites merveilles, ça se savoure. Et après donc n'avoir laissé comme trace de sa pizza que quelques miettes et le petit bout de feuille de basilic dans son assiette, elle s'essuya la bouche et poussa un soupir de satisfaction avant de se mettre doucement à rire. Il devait sûrement la prendre pour un ogre mais tant pis, c'était trop bon. Une fois ce mini fou rire contrôlé, elle reposa la serviette sur la table et regarda sa montre. Elle avait encore suffisamment de temps pour prendre un dessert.

    « Si tu as encore faim, moi je serais pas contre un dessert. » dit-elle, « Oui je sais, ma gourmandise me tuera mais je ne résiste pas à un bon tiramisu. Ou a quoi que ce soit d'autre en fait. » admit-elle en faisant une petite grimace qui se voulait imiter l'innocence. Oui, un jour, plus tard, elle se doutait qu'elle ne pourrait sûrement plus se permettre de pareils excès, mais en attendant, elle ne s'en priverait pas!
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Rhys W. Sheffield
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeLun 26 Juil - 13:44



    Je n’avais jamais eut d’ambition ou de projet professionnel fixe. Bien sûr quand j’étais gamin, comme tous les petits garçons de mon âge je rêvais de devenir médecin, je voulais sauver des vies ; pour les enfants de mon âge, sauver des vies c’était être un héro. Et puis l’eau a coulé sous les ponts et j’ai grandi. J’ai découverts que les sciences, bien qu’elles étaient l’une des matières dans lesquelles j’excellais, ne me plaisait pas autant que les langues étrangères ou la littérature. C’est vrai que tout de même, pour ne pas paraitre stupide, bien que pour moi mon chemin se traçait en direction de l’Europe, j’avais décidé de rester complet et de ne rien laisser au hasard. Je travaillais sans relâche toutes les matières sans exception, y compris celle que je savais qu’elles me seraient d’une moindre utilité. Selon moi, ça ne pouvait m’être que bénéfique dans un futur plus ou moins proche. Les langues n’allaient jamais toute seule et si je devais travailler à l’étranger, je devais bien développer d’autres capacités pour compléter mes connaissances linguistiques. Qui sait, je devrais peut-être apprendre à travailler dans l’administration, dans la comptabilité,… je devrais peut-être aussi développer d’avantage de connaissances en Histoire, Géographie, en histoire de l’art, ou que sais-je moi… En fait je n’avais tellement pas d’idée précise que je me satisfaisais de tout, et ainsi j’étais certain de ne pas être déçu si jamais l’emploi que j’avais rêvé de faire ne s’avérait pas pour moi. Dans ma famille, on m’avait souvent dit et répété « Mais écrire des livres ça ne te plairait pas ? » j’avais toujours répondu négativement sans trop savoir pourquoi. Maintenant je réalise que l’imagination ne pousse pas sur un arbre et ne peut-être cueillie. Les métiers de l’écriture sont merveilleux et seuls les plus audacieux et téméraires prennent la décision de s’y lancer. Moi j’étais déjà incapable de me faire évoluer dans ma propre vie, alors imaginez que je doive faire évoluer quelques autres personnes. Les pauvres !
    Alanis elle avait ce courage et, bien au-delà, elle en avait la capacité. Elle y mettait du cœur ça crevait les yeux. La chance y était pour beaucoup dans la réussite d’un écrivain, mais la chance ne vient jamais par hasard, il faut la provoquer. Pour Alanis je ne me faisais aucun souci, elle avait cette mentalité italienne, elle avait du caractère et une force d’esprit digne des méditerranéens. A vrai dire, même si je ne l’avais jamais vu à l’œuvre, j’imaginais assez bien qu’elle puisse tenir tête à toute une armée d’hommes influents prêts à la démotivé jusqu’au bout. Le fait d’avoir Malchiah comme frère –c’est le seul que je connaissais, devait y être pour quelque chose… Fallait voir quel bout-en train et quel gaillard c’était, à coté sa petite sœur avait beau être petite et mince, il fallait voir quel duo de choc ils formaient. Impossible de se retenir de rire quand on les voyait se chamailler.

    Mais revenons au repas… Oui c’est vrai j’aurais pu me faire livrer à des centaines, voir même des milliers de kilomètres –qui sait maintenant de nos jours tout est possible ! Seulement je crois que la panna cota d’Antonio aurait un bien triste gout si jamais –par malheur, je venais à la déguster en dehors de la belle Italie. Je crois même que je serais en proie à la déprime… Manger ce délicieux dessert italien sous les nuages et la pluie Londonienne ; non c’était inconcevable. Je fronçais les sourcils et fis mine de lancer un regard noir à Alanis.

      « M’en faire expédier ! Sacrilège ! Moi vivant jamais la panna cota d’Antonio ne se mangera ailleurs que chez Antonio ! »

    Et puis je lui souriais. Le Belle Donne était également l’une des raisons qui me faisait apprécier chacun de mes voyages à Florence. Le restaurant était parfaitement dans le stéréotype italien : le pizzaïolo avec le tablier rouge et sa moustache à la Salvador Dali, c’est ce qui faisait son charme. Par ailleurs les serveurs et le patron savaient se montrer extrêmement patients et sympathiques. Avec le temps ils avaient appris à fonctionner avec les touristes et certains serveurs apprenaient même la langue avec leurs clients. C’était toujours très agréable de s’y trouver, et pas seulement pour la nourriture !

    Tout de même, que ferions nous sans les repars de famille, et sans les grands-mères ? Qui n’a jamais connu cette période de flottement qui survient quand l’une de vos vieilles tante s’attaque à vos joues et vous raconte que la dernière fois qu’elle vous a vu, vous étiez haut comme ça (et là elle montre la taille que vous n’avez jamais fait mis à part dans le ventre de votre mère : 10 cm). Pas de doute, personne n’y échappe, cette pratique là est ancestrale et internationale. Bien sûr quand on est enfant on la regarde d’un air gêné et on jete quelques coups d’œil furtifs à droite à gauche cherchant une feuille de pompe (comment elle s’appelle elle déjà ?)… et puis en grandissant on apprend à fonctionner avec tact et douceur… « Vous n’avez pas pris une ride ma tante ! » c’est ce que vous dites avec un regard charmeur et une belle voix de gentleman… Naturellement, la pauvre dame se sent alors rougir et vous profitez de cet instant pour vous faufiler et retrouver vos cousins qui sont là et qui ont vu la scène, ils rient aux éclats et se fichent de votre figure… jusqu’à ce que leur mère vienne les chercher « Viens mon chéri ! Tu te souviens de Tante Janine ? » … A tous les parents, ce message vous est adressé : Tante Janine, Germaine, ou n’importe quelle autre Tante, on-ne-s’en-souvient pas ! On avait trois jours à peine la dernière fois qu’on l’a vu et depuis, des dizaines de milliers d’autres jours on fait tampon. Mais quand même dans le fond, on était heureux de savoir qu’ils se souvenaient de nous, et puis comme l’a justement dit Alanis, ce doit-être le gène petit enfant qui leur a poussé.

      « Quand tu seras grand-mère, pense à ton vieil ami Rhys qui est gourmand et qui se fera un plaisir d’aider tes petits enfants à finir les plats » Je lui tirait un grand sourire radieux .


    Nos assiettes étaient arrivées et il faut dire qu’elles ne firent pas long feu. J’étais affamé, Alanis aussi, et puis il faut dire que le chef cuisinier était un véritable prodige. Comme à chaque fois je n’en perdais pas une miette et l’assiette, quand Alessandro venait la chercher, était toujours vide. Une fois après avoir fini donc, je m’adossais pleinement sur la chaise –en fait je m’étalais de tout mon long. Je posais mes mains sur mon ventre et lâcha un soupir. J’avais le vendre bien rempli ; ma faim avait cessé net. Quand Alanis repris la parole je redressais la tête et la regarda un moment avant de me redresser et de sourire à pleine dents.

      « Soit ! Que la gourmandise nous tue tous les deux alors ! »

    Je tournais la tête et choppais justement Alessandro qui passait à notre hauteur. Je tendis le bras et tirais légèrement sur son tablier en plaisantant.

      « L a carta dei dolci, per favore Signore »

    Il sufisait de demander –le serveur se pointait justement avec deux cartes des desserts. Je souriais, le remerciais et m’emparait jalousement de la précieuse carte. Bon cette fois, on va pas faire le petit vieux habitué aux mêmes plats j’ai décidé de changer un peu… Mais quelle torture, impossible de faire un choix. Je posais la carte à plat sur la table et me tournais vers Alanis le regard torturé…

      « Tu sais quoi… ? Je veux… » Je levais ma main au dessus de la carte l’index déplié, je fermais les yeux et j’appuyais mon doigt aléatoirement sur la carte. « ça ! »

    J’ouvrais nerveusement les yeux et regardais ce que le hasard m’avait choisi comme dessert. Une cassate sicilienne… Parfait ! Ce serait l’occasion d’y gouter !

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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeLun 26 Juil - 20:24

    Petite, Alanis elle avait eut envie de devenir vétérinaire. Pourquoi? Parce ce qu'elle voulait tout simplement avoir un travail avec les animaux. Mais c'était bien sûr avant que sa grand-mère ne l'initie à la lecture. Depuis, elle n'avait eu de cesse de vouloir un jour devenir écrivain, ou en tout cas un métier en rapport avec les lettres. D'ailleurs encore aujourd'hui, si vraiment, elle ne parvenait pas à réussir, elle prévoyait de rejoindre un journal, ou alors d'enseigner et inculquer alors aux enfants sa passion pour la littérature. Qui sait, elle ferait peut-être poindre des vocations. Mais à son avis, écrire ce n'était pas une question de courage mais plus de détermination. Car il faut savoir persévérer, et le courage n' avait rien à y voir. La conviction oui. Et bien sûr, un certain talent, bien que certains parviennent à vendre sans être doté de la moindre étincelle de talent, mais parce que leur histoire captive, ils se sentent tout de suite plus grands. Mais heureusement pour elle, enfin elle ne pouvait pas juger de façon totalement objective, mais elle avait cette petite touche de génie quand il s'agissait d'écrire. Avec une imagination comme la sienne, la page blanche n'était pas une angoisse qu'on craint. Non, Alanis craignait plutôt de ne pas réussir à trouver sa voie, de ne pas pouvoir s'épanouir dans sa carrière professionnelle. Ça ne l'obsédait pas, mais elle y pensait. Chacun de ses frères avait trouvé ce qu'il voulait faire dans sa vie, elle, pas réellement, car pour elle, l'écriture restait une passion, rentable si elle s'y prenait bien. Elle doutait surtout en fait que ses parents ne la soutiennent pas dans son choix, et ça l'anéantirait, de savoir que son choix de vie ne serait pas approuvé par ses parents. Mais bon, de toute façon elle avait encore plus de deux ans d'études à terminer, alors d'ici là elle trouverait peut-être comment vaincre cette peur qui inconsciemment la rongeait.
    Il est certain que son caractère avait été forgé en grande partie par le fait de grandir avec quatre frères plus âgés qu'elle. Soit elle développait une personnalité passive, soumise presque, car en sous-effectif numéraire et de force, soit, option choisie par la demoiselle, elle se mettait au même niveau qu'eux et du coup devenait indépendante et surtout capable de tout ou presque endurer. Elle devrait les citer dans la dédicace de son premier livre, en y pensant. Mais c'est vrai qu'entre elle et Malchiah, il existait un lien très fort, dû à plusieurs choses. Leur peu de différence d'âge déjà, ils avaient grandis ensemble, fréquentés les mêmes endroits et amis, mais c'était surtout l'accident de cheval de Connor qui les avaient rapprochés pour de bon. Quand ce dernier en effet était tombé du cheval sur lequel il montait ce jour là, pour ses 13 ans, après que celui-ci se soit soudainement cabré après avoir entendu une détonation au loin, chacun d'eux à été très marqué, à cause de leur jeune âge à l'époque. Alanis a cru perdre son frère alors elle c'est sûrement lié encore plus à Mal, inconsciemment, à cause de cela. Lui en revanche avait commencer à prendre son rôle de grand-frère très à coeur à partir de là. Avant c'était plutôt des chamailleries sans cesse, des piques même s'ils s'adoraient, mais depuis ce jour là, ils étaient devenus inséparables. Bien sûr quand Alanis commença à devenir une vraie fille, ça posa quelques problèmes, surtout à lui en fait, car déjà Al était une belle jeune fille et que certains de ses copains lui montrait un peu trop d'intérêts à son goût. Aujourd'hui encore, elle supputait que c'était de là que lui venait son côté sur-protecteur. Il devait être un peu jaloux, qu'on accapare plus sa soeur chérie que lui.

    Quand Rhys lui répondit, elle rit. Il montrait un tel respect pour la cuisine italienne que c'en était presque admirable. Elle pouvait comprendre son point de vue, entièrement même, car dans le fond, elle pensait la même chose. Ôter le cadre si particulier du restaurant à ces petites merveilles équivalait presque à le priver de tout son goût. C'est vrai que pour certains cette idée était parfaitement idiote. L'endroit où vous mangez n'avait aucune influence sur la qualité du repas, et pourtant, Alanis vous mettrait au défi de jurer le contraire une fois que vous auriez mis les pieds au Belle Donne. En fait que ce soit ce restau ou bien l'un de ma myriade d'autres présents à Florence. C'était juste inimaginable en effet de se faire alors expédier ces trésors dans un colis.
    Une fois elle s'en souvenait, à l'école, l'une de ses camarades de classe leur avait raconté son repas de famille, comme la prof le leur avait demandé. Et Alanis ce jour là compris quelle chance elle avait d'avoir une famille comme la sienne. La pauvre Stacey, elle, elle ne s'amusait jamais durant ces diners de famille, au contraire, ça finissait souvent dans les cris et la colère, car en fait ses proches gardaient pas mal de rancoeur les uns envers les autres. Du coup oui, Alanis s'imaginait parfois comment seraient leurs réunions de familles si ses oncles et tantes se haïssaient cordialement, ou elle avec tous ses cousins et cousines. Sa grand-mère ne le tolérerait pas, ça elle le savait. Ca serait donc très malsain, plein d'hypocrisie. Une fois de plus elle réalisait oui, qu'elle avait une chance formidable. Mais elle aussi avait eu droit oui à la sempiternelle question du "te souviens-tu de tante bidule". Surtout quand on sait combien de frères et soeurs avaiet déjà les frères et soeurs de ses propres parents, chacun issu d'une famille nombreuse. Mais dieu merci pour elle, ils ne se retrouvaient jamais tous ensemble en même temps à Florence, sinon bonjour les ennuis. Non, en fait ils tournaient d'une façon assez astucieuse, en tout cas pour les autres car eux restaient presque les deux mois entiers là-bas, car évidemment, sa mère était la fille préférée de sa grand-mère et que les autres de toute façon ne voulait pas rester éternellement, et ne passaient à Florence que comme une étape sur leur chemin. Tant mieux d'un côté, comme ça elle gardait d'une année à l'autre sa propre chambre dans la villa de sa grand-mère.

    « Je crois qu'on a le temps de voir venir d'ici là quand même. Faut déjà trouvé le grand-père avant. »

    Elle avait parlé sans trop réfléchir, comme elle le faisait souvent, car elle était spontanée de nature, mais elle réalisa aussi que du coup, elle avait impliqué qu'il lui fallait déjà trouvé quelqu'un avec qui faire des enfants. Alors là, pour le moment, elle espérait juste qu'il ne le prenne pas comme un appel désespéré à son attention. C'est aussi pour ça qu'elle sourit, espérant que cela ferait passer la pilule sans encombres. Heureusement pour elle, c'est à ce moment là que leurs plats arrivèrent, coupant court à la conversation. Et après avoir enfin apaisé son estomac, elle aussi s'assit de façon bien moins correcte mais avec la satisfaction au moins de ne plus avoir son ventre qui la travaillait. Et visiblement comme elle, Rhys ne refusait pas de venir terminer ce beau tableau par un bon dessert. Elle sourit quand il répliqua à sa phrase et alpagua le serveur qui leur déposa la carte des desserts presque immédiatement. Elle prit la sienne en remerciant Rhys et commença alors à observer la carte pour arrêter son choix, ce qui ne serait pas facile tant tout avait l'air si délicieux. Elle rit en voyant le jeune homme lui faisant face s'en remettre au hasard pour choisir ce qu'il prendrait. Pour lui aussi le choix était un dilemme insoutenable.

    « Je vais prendre du tiramisu pour ma part, je reste dans les classiques. »

    Une fois son choix fait, et uniquement basé sur son manque d'efficacité à se décider entre les trois autres choix la tentant, elle reposa la carte devant elle et joignit ses mains devant elle, appuyée sur la table. Bon sang ce qu'elle pouvait se sentir mal en fait par rapport à lui. En fait surtout rapport à elle et son incapacité à lui dire ce qu'elle pouvait ressentir pour lui. Surtout que le fait de savoir que c'était réciproque devrait faciliter la chose. Mais bon, elle ne voulait pas que ses frères s'en mêle et du moment où ils seraient ensemble, elle savait pertinemment qu'ils le feraient. Et comme elle n'aimait pas mentir, tout ça commençait doucement à la rendre folle. Une douce folie, comme le regard azur de Rhys en fait. Et doucement alors, tandis qu'elle le dévisageait, elle sourit sans s'en rendre compte.
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeMar 27 Juil - 0:52



    Tout le monde nait avec une famille, c’est son évolution dans celle-ci qui le diffère des autres individus. Je m’étais rendu compte que pour certain l’important n’est pas nécessairement dans la famille et dans les relations qu’ils entretiennent les uns par rapport aux autres, mais dans d’autres relations extra-familial, à savoir la multiplicité des conquêtes, des relations d’un soir, des amis, etc… Moi non, rien de cela, dès ma naissance j’avais été absorbé par cette chaleur humaine et ce bassin rempli d’amour. Tellement même que les relations amicales que j’avais eu n’étaient restées que très superficielles pendant longtemps… Pour moi la famille, encore aujourd’hui même avec la distance, c’était un élément essentiel. C’était même l’élément qui faisait que je me sentais bien ou non. Depuis que j’étais tout petit j’avais appris à composer avec ma sœur et, même si nous n’avions pas le même sang, elle n’en restait pas moins ma grande sœur et un maillon essentiel de la famille. Elle et moi c’était à la fois unique et banal. Deux frères et sœurs qui se chamaillent sans arrêts, et quand ils ne se chamaillent pas, ils parlaient, normalement, comme deux adultes, et ne se sautaient pas au cou comme deux parents profondément liés l’un à l’autre. Non en fait entre eux, ce n’était rien de semblable, pas d’accolades ni d’embrassades à longueur de temps, c’était quelque chose de plus subtil. Des regards, des sourires, de petites attentions qui faisaient toute la différence. Il faut croire que la discrétion faisait partie de la spécialité de la famille.

    La remarque d’Alanis me fit sourire. C’est vrai pour être grand-mère il fallait un grand-père, mais enfin il fallait tout de même remarquer que la jeune femme avait relativement le temps de se trouver un grand-père à la hauteur. Bon bien sûr il y a des couples comme ça qui commencent au début de l’adolescence et qui ne finissent jamais… A priori c’est beau comme histoire, mais en s’y intéressant de plus près. Ma tante Nelly avait rencontré Denis, son mari actuel lorsqu’elle avait seize ans. C’était son premier amour, son premier petit ami. Ils se sont mariés à vingt ans et aujourd’hui, trente-cinq ans plus tard la jeune femme est au bord du divorce. Elle passe son temps à se demander si elle n’est pas passée à coté de quelque chose, ce à quoi ma mère lui répond toujours… « ça ne fait aucun doute ! » .
    J’ai dû oublier de mentionner que dans la famille nous avions beau être discret, le sens du réconfort n’était pas inné… Du moins pas du coté de ma mère.

      « Elémentaire mon cher Watson... »

    Bah contrairement aux escargots Alanis n’était pas. A ce propos d’ailleurs, j’avais appris récemment qu’il était possible d’être humain et hermaphrodite –ce que j’avais toujours cru scientifiquement impossible. En poussant un peu quelques recherches (ne vous avais-je pas prévenu que j’étais un grand curieux ?), j’avais trouvé qu’il arrivait que les chromosomes d’une personne soient variables (à savoir XX ou XY), et que les tissus testiculaires et ovariens soient présents simultanément. C’était rare, ça ne touchait pas plus de cinq cent personnes en Grande-Bretagne, mais ça existait…
    Enfin bref, trêve de discussion sur l’hermaphrodisme.

    Les plats arrivèrent et disparurent aussi vite qu’ils étaient arrivés. J’interpelais alors Alessandro le serveur et lui demandais la carte des desserts qu’il m’amena rapidement, avec beaucoup de professionnalisme. Je le remerciais et nous passions tous deux commande. Une fois cela fait je redonnais nos deux cartes au serveur qui partit illico remettre nos commandes au cuisinier. Je tournais alors la tête en direction de ma voisine d’en face et me retrouvait nez à nez avec ce regard et ce sourire pesant qui me faisait un si drôle d’effet que j’en venais à ne plus savoir où me mettre. Alanis avait ce regard que je reconnaitrais parmi des milliers. La couleur de ses yeux était très foncée, le trait de ses sourcils rendait le regard un peu agressif, mais il y avait toujours cette pointe de douceur propre à elle-même. Quand elle souriait cette étincelle de douceur brillait de mille feux supplémentaires. A vrai dire, si je ne sentais pas la gêne m’envahir, je me serais volontiers accordé encore quelques temps pour en profiter d’avantage. D’ailleurs là comme ça en y repensant la nappe aurait fait office d’une superbe planque… Mais tout de même ; un peu de tenue… Il fallait absolument que je la fasse réagir, ce regard destructeur là était bien trop pesant pour moi et il me mettait encore plus mal à l’aise que je ne l’étais déjà… Dans mon ventre c’était comme… comme des papillons (l’expression populaire est parfaitement adaptée). La chaleur me prenait du ventre et remontait lentement jusqu’au visage. Cette chaleur savait se faire très agréable, surtout lorsqu’elle passait au niveau de la poitrine. Mais une fois passé le stade du cou, cette douce chaleur se transformait en surplus d’adrénaline dans les veines faciales et là… j’étais certain de devoir me battre contre les rougeurs de mes joues. Vu la manière dont elle était en train de me regarder, il me semblait d’ailleurs très difficile qu’elle ne le remarque pas. Il fallait donc que j’évite de passer cette étape ; je me décidais à agir. Je passais une main devant ses yeux en souriant.

      « Hey M’dame ! Tu rêves ! »

    D’accord c’était une stupide phrase. La phrase bateau que les gamins sortent avant de passer un certain âge leur apportant un peu de maturité. En réalité on appelait ça avoir le regard dans le vide ; mais moi je m’étais dépêché de parler et, comme habituellement à chaque fois que je parle trop vite, je me mettais à sortir des imbécilités… La pauvre ; elle y était d’ailleurs bien plus sujet que bien d’autres personnes de mon entourage. Mais en y réfléchissant, c’était un peu de sa faute non ?
    Les desserts arrivaient ; ouf un peu de diversion… Avec un peu de chance j’aurais tout le temps de me reprendre –et dérougir un minimum. C’est le moins que j’espérais. Le serveur posa les deux desserts sur la table ; je ne mis pas bien longtemps avant de m’emparer de ma cuillère. On m’avait souvent parlé des pâtisseries siciliennes, la cassata était en quelque sorte le pilier, au même titre les bretzels en Alsace par exemple. C’était un dessert à base de ricota et de chocolat amer. En Sicile il était majoritairement produit par les ecclésiastiques et notamment les bonne-sœur. Il paraissait même qu’au Moyen-âge on leur avait interdit d’approcher les fourneaux parce que la préparation de cette pâtisserie les éloignait de Dieu et de la prière. Bien sûr ce n’était jamais qu’une légende, mais je trouvais ça assez drôle de voir à quel point l’Italie pouvait être attaché en Dieu et renié même jusqu’à la pâtisserie pour celui-ci.

    La suite du repas se fit dans le silence, chacun dégustant la fin du repas avec attention. Il faut dire que gourmands comme ils l’étaient l’un et l’autre, pour rien au monde ils ne feraient passer une discussion avant de savourer les desserts italiens. Je me souvenais encore d’une mama italienne qui nous avait offert l’hospitalité à ma sœur et à moi pour le déjeuner. Ma sœur s’était mise en mode moulin à parole –enfin elle y est surement en permanence, et la maitresse de maison n’avait pas tardé à lui dire assez sèchement « Tais toi et mange ! ». Si Sooz au départ l’avait assez mal pris, on comprit vite la raison de cette intervention. Le repas était simplement délicieux, et il ne fallait louper sous aucun prétexte la moindre saveur qui passait sous notre palais.


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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeMar 27 Juil - 11:06

    Alanis se doutait que parfois, d'autres ne pouvaient pas avoir autant de chance qu'elle rapport à sa famille. Le dicton le dit bien, on ne la choisit pas. Il faut donc parfois composer avec certains énergumènes étranges partageant votre sang, et ça peu importe le degré de parenté sanguine. Elle avait eu de la chance avec la sienne, car elle appréciait tout le monde, sauf peut-être une ou deux cousins qui la singeaient parce qu'elles la trouvaient un peu trop...pas comme elle, superficielle et complétement décérébré. Heureusement pour elle, ces deux là ne venaient quasiment jamais en Italie, c'était trop ringard comme ville Florence pour elle, si elle venait ce n'était donc que deux jours avant d'aller à Rome pour assister à des défilés ou faire les boutiques avec frénésie. Et puis Alanis savait, enfin pensait serait plus exact, que l'importance de la famille était proportionnelle souvent au nombre de membres l'a composant. On avait un tout autre sens dans une famille nombreuse que dans celle d'un enfant unique. C'était malheureux, mais prouvé. Quand à elle, puisqu'elle était la seule fille, il lui a fallu s'adapter oui, trouver sa place, ce qui prit pas mal de temps, mais au final, le résultat était plus que probant non? Une fille douce et gentille mais qui pouvait aussi se montrer forte et carrément moins docile. L'amour éternel, non elle n'y croyait pas, elle voulait le faire bien sûr, car elle restait une petite fille voulant croire aux contes de fées, mais elle savait bien que dans la société actuelle, avec la mentalité de ses chers concitoyens du monde, la fidélité et certaines valeurs s'en rapprochant n'avaient plus aucun sens, aucun écho auprès des jeunes générations. Comme des vieilles me direz-vous. On était passé dans une société si personnelle, égoïste. Ne primait que son propre plaisir, sa propre réussite, les autres dans tout ça ne devenaient que des moyens d'obtenir satisfaction. Ah oui, parfois elle se demandait bien si l'on pouvait encore prétendre que l'homme était la créature vivante sur terre la plus évoluée. Alanis croyait simplement alors à deux choses: qu'une relation est basée sur le compromis, car jamais personne n'est fait exactement dans le même moule, il fallait donc savoir aplanir les problèmes, et sur une valeur encore plus importante, la confiance. Bien que l'honnêteté soit importante aussi. Si on se lasse, que la relation nous apporte plus de mal que de bien, où était le problème de rompre? Certes l'autre n'en été peut-être pas au même point, mais mieux valait ça, la franchise, plutôt que de trahir. Enfin c'était sa vision des choses. Elle préférait être seule que cocue. Alors même si dans son for intérieur, elle souhaitait trouvé quelqu'un avec qui elle s'entendrait si bien que oui elle penserait s'engager officiellement pour au moins un petit bout de chemin, mais si ce n'était pas le cas, elle n'en ferait pas une jaunisse.

    Et oui, pour devenir grand-mère, il fallait bien avoir trouvé avant ça un mari non? Et d'ailleurs de nos jours ce n'était même plus nécessaire. Un départ par l'hôpital et un bon paquet d'euros dépensés, et hop vous voilà avec un enfant qui n'aura jamais de père, enfin si, mais présenter une éprouvette à votre enfant quand celui-ci se posera des questions sur ses origines... Pas franchement très agréable. Et bien qu'elle ai en effet plus que tout son temps pour trouver le bon prétendant, Alanis ne se voyait pas vraiment encore pouponner. Peut-être parce qu'elle ne se sentait pas l'étoffe d'une bonne mère, elle qui refusait de tenir sa nièce de peur de lui faire mal. Sujet qui faisait toujours beaucoup rire Connor d'ailleurs. Mais surtout, à 20 ans, elle voulait encore un minimum profiter de la vie avant que la sienne ne soit entièrement dévouée à ses enfants. Car elle le savait, elle en voudrait plus d'un, car elle n'imaginait pas ce que pouvait être la vie d'un enfant unique. Terriblement déprimant à son sens, opinion confirmée par ses parents. C'était en quelque sorte une tradition de part et d'autres de sa famille, à croire que c'était fait exprès que chaque épouse soit une vraie poule pondeuse, sans mauvais jeu de mots.
    A la réponse de Rhys, elle sourit mais ne répliqua pas. Que pouvait-elle dire de plus? Qu'elle pensait déjà l'avoir trouvé et qu'il se tenait juste devant elle en ce moment même? Oh oui elle se voyait bien virer aussi plus rouge qu'une tomate la seconde d'après. Non, elle garda le silence et de toute façon elle était sauvée par le serveur qui ramenait déjà leurs desserts. Et une nouvelle fois le silence régna durant que les deux jeunes gens mangeaient avec délice leurs plats respectifs. Rhys avait pris de la cassate sicilienne, bon choix, même si celui-ci avait été du au hasard le plus total. Mais entre temps, Al c'était perdue dans ses esprits, comme ça lui arrivait parfois, trop souvent à son goût ces derniers temps, et surtout quand Rhys se trouvait dans les parages. Elle fut d'ailleurs dument rappelée à la réalité par ce dernier qui agita sa main devant elle. Effet immédiat. Elle revint à elle et secoua légèrement la tête pour s'assurer d'être bel et bien revenu à elle.

    « Excuses-moi j'étais dans mes pensées. »

    Et bien loin alors des préoccupations culinaires et historiquement annecdotales de son voisin de table, elle dégusta son tiramisu en prenant bien garde de ne pas relever son petit nez de son assiette pour éviter de se ridiculiser une fois de plus en le dévisageant comme ça. Elle n'avait pas cherché à le faire se sentir gêné, c'était toujours comme ça entre eux, que ça en devenait presque risible. Alors elle essaya de penser à tout et à rien, tout était bon pour ne pas se focaliser sur cette boule qui lui nouait l'estomac depuis qu'ils s'étaient retrouvés à la bibliothèque. Boule qui n'avait fait qu'augmenter de volume depuis qu'il lui avait pris la main. Si elle était dans un cartoon, elle se serait déjà probablement dédoublée et se serait fichu un sacré coup de pieds aux fesses. Mais bon, on était pas dans un dessin animé, bien loin même, alors bon, elle faisait comme elle pouvait pour gérer tout ça sans finir par devenir folle ou alors carrément par péter une pile et se jeter sur lui sans autre forme de procès. Remarquez que, ça serait peut-être bien là la solution à tous leurs problèmes. Mais Alanis n'était pas comme ça, encore moins devant témoins.
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Rhys W. Sheffield
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeMar 27 Juil - 22:41


    Ma rencontre avec Alanis avait été pour le moins commune je dirais. Je l’avais aidé à se relever d’une bousculade avant de nous retrouver tous les deux dans un bar. Après ça on ne peut pas dire que ça ai vraiment été ce que les films hollywoodiens appellent le coup de foudre, non c’était autrement. Dans les couloirs quand on se croisait il n’y avait rien de plus que des bonjours, quelques sourires, des regards, des clins d’œil parfois ; jamais plus. Toujours est-il que ces petits gestes là à force de reproduction étaient devenus des éléments essentiels au bon déroulement de mon quotidien. La croiser dans les couloirs, répondre à ses sourires, c’était devenue une habitude et puis, avec le temps une nécessité. Un beau jour je m’étais réveillé avant l’heure et, en attendant que mon réveil sonne je m’étais surpris à penser à elle. Depuis nous avions fait du chemin et, de nos furtives rencontres dans les couloirs nous passions régulièrement du temps ensemble, autour d’un café, de recherches à la bibliothèque, ou même d’un repas. C’était agréable et j’appréciais chaque fois un peu plus son sourire, il était rayonnant et il y avait cette pointe de gaité qui me donnait envie de sourire à mon tour. Certes en sa présence je devenais une sorte de pantin, j’avais parfois l’impression de ne plus être maitre de mon corps. Mon ventre se serrait et se réchauffait d’un seul coup, j’avais la tête dans les nuages, j’étais stressé et excité à la fois, mes joues me brûlaient et j’avais cet espèce de sourire béat collé aux lèvres. C’était déstabilisant ; tellement déstabilisant qu’au début je ne souhaitais qu’une chose c’était partir en courant. Mais avec le temps à cette sensation bizarre je m’y étais accommodé et elle en devenait même tendre ; c’était l’effet Alanis. Parfois quand j’y pensais je me demandais si je voulais vraiment passer à l’étape suivante ; cette sensation était si délicate que l’idée de la perdre me rendait un peu nerveux, la sensation qu’on éprouvait en couple était-elle la même que lorsque l’on gardait ses sentiments dans un grand secret ? Difficile à prévoir… mais ça m’attirait quand même. Jusque là je n’avais jamais eu de réel contact avec elle, et voilà qu’une heure plus tôt environ, j’avais tenu sa main. Ce temps là avait été très court mais il avait été assez long pour me mettre dans un état étrange supplémentaire, identique à l’autre, mais plus fort. De même, c’était agréable, tellement agréable que la sensation qui s’était emparée de moi à ce moment là ne me quittait plus ; elle était là, bien au chaud dans mon ventre.
    Quand elle me fixait comme elle venait de le faire, là c’était l’hécatombe, je me sentais soudain peser cinquante kilos de moins, j’avais chaud et froid, et j’avais la lourde impression de dormir. En fait c’était comme si moi j’étais là, et mon corps lui était à coté, sujet à la sorcellerie de ma belle anglo-italienne. Là, si je ne faisais rien mes joues rosissaient rapidement ; l’adrénaline prenait le dessus, c’était incroyablement gênant. Alors partagé entre la gêne et le plaisir de satisfaire son regard, il fallait bien que je fasse un choix ; et comme d’habitude, j’optais pour la préservation de mon amour propre. J’agitais une main devant ses yeux en souriant –en fait je regrettais un peu d’y avoir mis fin ; mais tant pis, l’occasion se représenterai –je l’espérais en tout cas.

      « Et elles ont étés productives au moins ? … tes pensées ? »

    N’importe quel homme soumis au regard de la personne aimée, espérais toujours que ses pensées lui soient adressées ; il en était de même pour moi, mais je n’avais vraiment pas le courage de me permettre se genre de remarques, je n’avais vraiment pas le courage pour lui tendre la perche et l’amener à comprendre que le rôle du grand-père m’aurait non seulement satisfait, mais aurait fait de moi un homme heureux. Mais foutu défaut de courage, je préférais me lancer dans des phrases hasardeuses, sans intérêt, ou même insensées ! Cette situation me mettait mal à l’aise, j’étais prêt à la passer, je n’attendais même que ça ; mais le courage… Et pourtant, pourtant j’étais intimement persuadé que ces sentiments bizarres n’allaient pas qu’à sens unique, c’était certain même. Mais pourtant il y avait toujours cet éternel blocage. J’étais motivé, et en sa présence plus rien ; plus une trace de motivation, enfin si… un vieux souvenir.

    Le dessert fut vite consommé, et dans le calme le plus complet. Je pensais à ce que je mangeais –elle aussi, mais intervenait comme ça de temps en temps une petite pensée étrangère. Il suffisait de trouver le courage nécessaire pour quelques minutes tout au plus ; qu’est ce que c’était qu’une minute sur toute une vie ? … C’était rien et pourtant, impossible à combler.
    Une fois les desserts terminés je relevais la tête et lui souriais, un peut bêtement –comme d’habitude. Maintenant nous allions rentrer à l’institut. Sur le chemin du retour, nous marcherons l’un à coté de l’autre, sans se regarder, sans se toucher, sans s’effleurer et, une fois arrivé nous nous dirions au revoir, à la prochaine et basta. C’était toujours pareil et à chaque fois, à chaque fin de repas, quand leur sortie touchait à sa fin, j’avais beau avoir ce même dégout pour cette foutue situation, je n’en restais pas moins silencieux comme une tombe, et couard, ô combien couard. Je crois que la prochaine étape pour que je me décide à faire le pas c’était bel et bien de trouver une situation propice, et faute de l’attendre, la créer ou la forcer. Mais là aussi, c’était encore toute une histoire ; comment moi qui manquais cruellement d’imagination pouvais-je trouver une situation ou même la situation. Il m’aurait fallu, je n’sais pas peut-être, une idée de génie ou mieux ! Un éclair de génie ou une inspiration divine ! Oui c’est ça –une inspiration divine ! Dommage, je n’avais jamais été baptisé et je ne croyais pas en Dieu.
    Je me levais et allais payer la note auprès d’Alessandro au bar. Alanis et moi prîmes le chemin de l’institut. A chaque foulée je descendais de mon petit nuage ; qu’est ce que je n’aurais pas fait pour avoir le courage de m’y raccrocher. Sa main n’était pourtant pas s’y loin ! Je dirais une dizaine de centimètres au plus ; il me suffisait de l’écarter un peu, de la rapprocher de la sienne. Ce simple geste qui ne demandait aucun effort –physique tout du moins, nous aurait pourtant permis de faire un grand pas… Mais non, il semblait que sa main était à des kilomètres, inatteignable, ou alors qu’un mur infranchissable se dressait entre elle et moi. Les cinq cent mètres que nous avions à faire passaient à une allure incroyable, c’était bien trop rapide pour moi, pour que je puisse trouver le courage de rattraper mon nuage. Foutus papillons insaisissables.

    Arrivés devant l’institut j’avais le cœur serré. J’avais l’impression d’avoir été victime d’une injustice sans pareil et pourtant, impossible –et inutile, de se plaindre. Tant pis, il allait falloir que j’apprenne à composer avec la dure réalité, j’étais incapable de faire le moindre geste dans notre sens. Fatalement je lui souriais et m’apprêtais à passer chemin. Franchement, quitter un si beau tableau pour retrouver les berbères d’Espagne, ça me donnait des haut-le-cœur. Elle, elle s’avançait vers moi, la routine suivait son cours, elle allait me faire la bise et nous allions nous dire au revoir. Je la laissais arriver et eu tout le temps de sentir son parfum. Rose, jasmin, fleur d’oranger, cèdre et ambre étaient au rendez-vous. Le mélange formait une douce tendresse diablement envoutante. Bientôt je sentais la chaleur de son visage s’approcher, c’était étrange comme toutes les sensations se succédaient. C’était comme si tout passait au ralentit… La douce chaleur et puis sa peau. Comme prévu, sa peau était légèrement braisée. C’était la même chaleur enveloppante et rassurante que l’on pouvait ressentir au coin d’un feu de cheminée. Fini de résister. Ses lèvres se trouvaient à quelques centimètres –moins même, une pincée de millimètres, micro, nano, pico et… Inspiration divine ; j’avais tourné la tête. Ses lèvres ni trop fines, ni trop pulpeuses renfermaient elles aussi cette douce chaleur, j’aurais presque pu m’autoriser ce privilège d’en profiter quelques instants supplémentaires mais voilà que la dixième de seconde pendant laquelle nos lèvres avaient étés en contacts avait alarmé mon pauvre cœur emballé. Je me sentais monter en chaleur depuis le ventre, jusqu’aux joues. Vivement je reculais et là, je me sentis comme le dernier des imbéciles. Lesyeux ronds et grands ouverts, je cherchais les mots pour m’excuser de ce geste maladroit. Je marquais une pause ; le problème c’était que je ne le regrettais pas.

      « Euh j’suis désolé ! Enfin non… j’suis pas désolé… Mais j’m’excuse ! »

    Je ne crois toujours pas au Créateur, et encore moins aux inspirations Divines… Ce qu’il me fallait c’était du courage, et pas une idée hasardeuse et maladroite.
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeMer 28 Juil - 0:30

    Pour elle non plus ça n'avait pas été réellement un coup de foudre comme on l'entend communément. Au premier regard elle ne s'était pas sentie destinée à finir sa vie avec lui. Quand ils avaient discutés dans ce bar après qu'il l'ai aidé à se relever et à ramasser ses affaires, elle l'avait trouvé très gentil, mais elle n'était pas aussi mal à l'aise qu'en ce moment face à lui. Mais oui, ça c'était fait petit à petit, à force de petits gestes. Ils se croisaient dans les couloirs et souriaient, ils se disaient bonjour, prenaient brièvement des nouvelles, rien donc de quoi vraiment parler d'amour. Mais avec le temps les œillades devenaient plus insistantes, les sourires plus appuyés et teintés de sous-entendus, de simples passages dans le couloir entre deux cours ils passaient au déjeuner à la cafétéria et en dehors. Et plus elle passait du temps avec lui plus elle sentait qu'elle tombait amoureuse de lui. Parce qu'entre temps elle avait appris à mieux le connaître, à apprécier ses qualités, à en apprendre plus sur ses passions et à constater qu'ils partageaient pas mal de points communs. Et puis bien sûr elle était tombé sous son charme, bien qu'elle l'eut remarqué depuis longtemps. Mais ce qu'elle aimait par dessus tout chez lui c'était son regard. Ces yeux qui la transportait toujours si loin quand elle plongeait son regard dans ses deux prunelles aussi bleues que l'océan. Et bien sûr aussi son sourire. Elle savait donc depuis un petit bout de temps maintenant qu'il lui plaisait et que c'était réciproque, mais rien à faire, ils en étaient toujours au même point, c'est-à-dire nulle part en fait. En tout cas bien loin de franchir le pas qui feraient d'eux plus que de simples amis.
    Ce n'était pourtant pas vraiment faute d'essayer. Oh ça oui elle ne comptait plus le nombre de fois où elle avait essayé de lui demander d'aller au cinéma, de l'accompagner au musée parce qu'il y avait une expo qu'elle aurait aimé voir avec lui. Mais elle s'y prenait si mal qu'à la fin, elle restait muette et préférait ne rien dire plutôt que de l'entendre décliner l'offre. Et voilà le résultat, encore aujourd'hui elle n'en revenait pas d'être là à déjeuner avec lui, comme si. Non, mieux ne valait pas le dire sinon elle ne répondrait plus de ses pensées et comme elle connaissait le pouvoir que pouvait avoir sa propre imagination sur sa personne, mieux ne valait pas tenter le diable. Déjà qu'à nouveau elle s'était mise à le dévisager sans la moindre discrétion...
    Mais de toute façon, elle fut coupée dans son élan par Rhys lui-même quand il agita sa main devant son visage pour la ramener de sa rêverie. Et comme elle s'y attendait, et comme n'importe qui en aurait fait autant à sa place, il lui demanda si son absence avait été productive. Pouvait-elle alors honnêtement lui dire qu'elle avait pensé à lui, à eux en fait. Bien sur que non, elle ne tenait pas à se couvrir de ridicule en virant pour de bon au rouge écarlate. Elle secoua donc la tête pour retrouver ses esprits et se donner le temps de trouver une réponse à lui fournir qui ne la fasse pas passer pour une cruche empotée.

    « Hum?... Oh oui oui, je me suis rappelée d'un truc que je dois absolument faire. »

    Parfois, dans des cas d'extrême nécessité, Alanis omettait de dire la vérité. Ce n'était donc pas vraiment un mensonge mais là non, on ne pouvait pas lui en vouloir. N'importe qui à sa place en aurait sûrement fait autant, car admettons-le, à vingt ans rien n'est simple surtout quand les hormones s'en mêlaient. Son frère n'arrêtait d'ailleurs pas de lui dire qu'elle passait parfois tout son petit déjeuner à sourire bêtement, l'air absent. Elle essayait au maximum de ne plus le faire parce qu'elle ne voulait pas que naissent chez son frère des soupçons quant à un éventuel prétendant en vue. Ça serait vraiment un désastre pour elle car quand Malchiah se mettait en tête de jouer les gros bras en menaçant ses conquêtes, il n'y avait que deux scénarios possibles: soit ils partaient en courant, parce qu'ils ne voulaient pas avoir à supporter le frère si c'était pour sortir avec la soeur ou parce qu'ils le croyaient vraiment capable d'en arriver au mains, soit au final ce n'était pas le bon. Mais c'est précisément pour ne pas avoir à se demander s'il l'était ou pas qu'elle ne parlait pas de lui à son frère. Sa manière à elle de ne pas tout gâcher. Au risque tout de même qu'il finisse par se lasser de ce status-quo.
    Mais de toute façon, une fois les desserts servis, ce qui prédomina ce fut le silence. Ils n'échangèrent presque plus le moindre mot. S'en était presque pitoyable et elle espérait que le serveur ne se fasse pas d'idées, bien que son avis ne la préoccupait guère. Et après avoir chacun payé sa note, ils quittèrent le restaurant pour reprendre le chemin vers l'institut. Et oui, comme à l'accoutumée, le tout se fit en silence, sans un regard échangé presque comme si la présence de l'autre était devenu entre temps trop insupportable, ingérable. Oui, l'image n'était pas déplacée, elle aussi avait l'impression qu'à chaque fois un mur se dressait entre eux, sans que rien ne parvienne à le franchir, aussi fort qu'elle puisse souhaiter le contraire.

    Et comme toujours, le moment de se séparer arrivait enfin et comme toujours aussi c'était un instant délicat, une déchirure presque. C'était parfaitement idiot. Elle même jamais elle ne raconterait de moment aussi stéréotypé dans un de ses futurs romans. Car c'était si prévisible, si banal. Et aucun de ces deux jeunes gens ne l'étaient à leur niveau. Mais de toute manière, cette fois même si ce n'était pas la gêne qui la poussait à finalement prendre congés, là c'était son emploi du temps. Son prochain cours commençait dans un quart d'heure à peine et la salle dans laquelle il avait lieu était à l'autre bout du campus, ça lui prendrait près de cinq minutes pour s'y rendre. Et alors donc qu'elle s'apprêtait à lui dire au revoir en lui faisant la bise, se produisit quelque chose qu'elle n'aurait jamais envisagé. Sans trop comprendre comment ça c'était produit, elle se retrouva à déposer ses lèvres non sur sa joue comme prévu, mais sur les siennes. En un instant ils venaient sûrement d'enjamber, voir carrément sautés à pieds joints l'espace qui les séparaient encore du stade où ils se trouvaient à celui où ils seraient désormais. Car durant cette brève seconde, qui lui sembla bizarrement duré trop longtemps et pas assez à la fois, il était devenu certains que dorénavant, quoi qu'il arrive, rien ne serait plus jamais comme avant. Quoi qu'ils puissent le dire. Elle recula doucement, assommée par ce qui venait de se produire. Elle resta muette un moment, effleurant ses lèvres de la main, comme pour se persuader qu'elle ne rêvait pas puis le regarda à nouveau. En le voyant s'excuser, elle sentit un nouveau sourire percé sur son visage sans qu'elle puisse le contrôler.
    Elle se sentait si légère d'un seul coup, comme libérée. Que ce soit un geste du au hasard ou prémédité, elle s'en fichait bien, le résultat était là et c'est tout ce qui primait. Maintenant elle pouvait enfin ne plus craindre de se voir refouler, ou pire. Et elle se fichait bien du coup aussi d'être entourée par la moitié du campus. Elle s'avança, et mais fini par reculer tout de même. Elle ne voulait pas tout gâcher sur un coup de tête, parce qu'il était clair pour elle que ce qui venait de se passer méritait des explications en bonne et due forme. Mais elle ne pouvait pas rester là, alors elle grimaça légèrement, gênée de ne pas pouvoir lui accorder un peu plus de temps après ce qui venait de se passer. Mais elle savait que ce n'était pas la fin.

    « Je...Je dois aller en cours là. Mais tu n'as pas à t'excuser. C'était très agréable. »

    C'était vrai, ça n'avait durer qu'une seconde, peut-être même pas mais dans ce simple baiser elle avait pu sentir tellement de choses. Sa douceur, sa gentillesse, sa passion aussi. Elle ne voulait qu'une chose, réitérer cette expérience, mais avant ça, elle devait aller en cours et surtout ils devaient parler. Elle commença donc à partir à reculons, vers sa salle de cours, ne le quittant pas du regard. Elle se sentait lâche d'un coup. Et tout ce qu'elle trouva à faire c'est de lui adresser un petit signe de la main en lui disant qu'elle l'épellerait bientôt. Pouvait-on faire pire que ça franchement? Elle aurait voulu pouvoir disparaître en claquant des doigts, et elle manqua d'ailleurs de tomber car évidemment elle ne regardait pas où elle allait. En se tournant, elle jeta un dernier regard vers lui, resté planté à l'endroit même où ils étaient en arrivant, puis baissa la tête en se maudissant, sachant pertinemment qu'elle n'écouterait rien de son cours, bien trop préoccupée par toute cette histoire. Si on lui avait dit qu'aujourd'hui une chose pareille arriverait enfin, elle n'y aurait pas cru, et maintenant que c'était enfin arrivé, c'est tout ce qu'elle trouvait à faire: fuir. Bravo Alanis, la reine des trouillardes, voilà ce que tu es, se dit-elle en s'éloignant, tenant son sac dans sa main à s'en faire mal aux doigts. Nul va s'en dire qu'en rentrant chez elle ce soir là, elle devrait lutter de tout son être pour éviter que son frère ne lui pose tout un tas de questions en la voyant aussi chamboulée. Comme si elle n'avait pas déjà assez à gérer maintenant...
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MessageSujet: Re: step one, you say we need to talk <reseved>   step one, you say we need to talk <reseved> Icon_minitimeJeu 29 Juil - 14:33



    En sa présence j’étais le Prince –voir même le roi, des imbécile. J’étais juste incapable de faire une phrase intelligente qui se détacherait un peu du commun des mortels. Alors quand je lui avais demandé si ses pensées avaient été productives –autrement dit quand je lui avais demandé à quoi elle pensait, et qu’elle m’avait répondu « […] un truc que je dois absolument faire. », je ne fus pas le moins du monde surpris. A question commune, réponse commune ; ça m’apprendrait à faire dans l’original… Je lui souris mais ne répliqua rien ; pour nous sauver de ce moment de flottement Alessandro arrivait avec les desserts en main.
    Une fois les desserts servis le silence s’emparait de nouveau de notre table. Je me rendais compte que le repas –et notre sortie donc, touchait à sa fin et que, comme d’habitude, nous allions nous séparer sans être certain de nous revoir prochainement. C’est certain, Alanis et moi tombions en plein dans le stéréotype du couple de timides ; c’était même navrant de voir à quel point. Quand j’en parlais au téléphone avec ma petite sœur, elle me riait parfois au nez et s’exclamait qu’on était trop drôle. D’ailleurs, elle s’était rendue compte bien avant moi de combien Alanis comptait réellement pour moi, et le temps que j’avais mis à m’en rendre compte, ça aussi ça l’avait beaucoup fait rire. D’ailleurs je me demande combien de temps j’aurais réellement mis si elle ne s’en était pas mêlée.

    Une fois le dessert terminé dans cette espèce de situation inconfortable ; après avoir payé la note, nous reprenions le chemin dans un lourd silence, aussi pesant que le premier voyage, à cette différence près que cette fois ce n’était pas le début, mais bien la fin. La motivation ne manquait nullement à l’appelle, mais le courage lui si ; je brûlais de faire ce chemin main dans la main, avec elle. Mais mon corps lui en avait décidé autrement ; je ferais ce voyage la tête basse, en regardant de temps à autre sa main, faute de pouvoir la tenir dans la mienne. A l’arrivée notre arrivée à l’institut, nous en étions toujours au même point, toujours dans la même situation infranchissable ; mais il fallait que ça change. La jeune femme s’avançait et me présentais sa joue gauche, mais ses lèvres étaient bien plus attirantes. Ce n’était pas vraiment mon genre mais, c’était disons ; physique, je n’avais pas pu m’en empêcher et, en fait, je ne l’avais même pas prémédité. Je goutais à ses lèvres pour la première fois et j’avais même l’impression d’être complètement à coté de mes pompes, de rêver. Ce simple contact avait fait naitre les mêmes picotements dans le ventre et la même chaleur, mais en des millions de fois plus présente. C’était comme s’il n’y avait que nous alors que la moitié du campus était là, et avait assisté à la scène… Mais en peu de temps je me rendis compte de la situation et la gêne refaisait alors surface.
    C’était comme un coup de massue. J’étais incapable d’esquisser le moindre geste, je me sentais même terriblement vide. Le visage d’Alanis ne reflétait aucune expression, j’en venais à me demander si mon intuition avait été bonne. Que m’avait-il pris d’un coup ? J’avais encore beaucoup de mal à réaliser, premièrement ce qu’il venait de se passer, et deuxièmement que ce fut moi qui l’avait provoqué. Ce n’était tellement pas mon genre de profiter de se genre de situation et de faire passer ça sur le coup de la maladresse. Je me sentais vraiment ridicule, et les excuses que je venais de lui fournir l’était sûrement tout autant ; rien de mieux pour m’affubler encore d’avantage. Ce qui allait se passer maintenant je le savais déjà. Elle allait partir, rejoindre la salle de son prochain cours en me regardant, et puis elle se retournerait pour disparaitre dans le bâtiment. Moi, j’étais voué à planter racine ici, j’étais incapable de faire le moindre geste. Son sourire me remonta néanmoins un peu le moral, il n’y avait vraiment qu’elle pour avoir cet effet là sur moi. Je soupirais et laissais tomber mes bras le long du corps. Le contact avait été agréable, je m’en rappelais alors que la jeune femme s’avançait de nouveau vers moi. Un frisson me parcouru l’échine ; qu’allait-il se passer maintenant ? Inconsciemment je m’étais décidé à sourire. Si moi j’étais trop omnibulé par le ridicule qui m’accablait, il semblait que mon cerveau lui ait su faire la part des choses et trouver du positif là-dedans. En la voyant finalement reculer je me demandais bien quoi ; mais je gardais quand même espoir. Peut-être qu’avec le recul, une fois terré sous ma couette je trouverais…
    Etrangement j’avais redouté ce moment ou elle ouvrirait la bouche pour me parler. J’avais tellement honte, qu’elle me parle de ce qu’il venait de se passer ça m’ébouillantait les joues comme jamais auparavant. Mais alors en apprenant qu’elle avait trouvé à agréable, ce fut l’hécatombe… Je baissais la tête en souriant. Je devais m’être transformé en écrevisse, je préférais cacher ça du mieux que je pouvais. Quand je relevais la tête elle était là, toujours face à moi, mais elle s’en allait. Pas un au revoir, pas un salut, rien ; juste son petit signe « on s’appelle » ; j’en concluais que je la reverrais bientôt. Voilà qui était rassurant. Je lui souris et lui dis au revoir d’un signe de main.

    En la regardant s’éloigner et manquer de se casser la figure, je fronçais un peu les sourcils et secouais la tête. Visiblement elle devait y être accoutumée ; dans le réfectoire, sur la place de l’école, et même à Florence, sauf que je ne le savais pas encore… Finalement, elle finit par se remettre dans le bon sens –sage résolution. Quant à moi, j’étais toujours planté là derrière elle. En fait maintenant qu’elle s’était éloignée et que je reprenais possession de mes muscles, c’était l’envie qui n’y était pas. Toute la gêne que j’avais emmagasinée laissait place à une sorte de libération. Oser ce premier pas m’avait valu une minute environ –qui semblait en avoir duré dix, de foutue gêne intense. Et maintenant très honnêtement je me sentais libéré d’un poids, je me sentais plus léger, plus joyeux… Je regrettais juste que son départ ait été aussi rapide, mais d’un autre coté je n’en espérais pas moins. Maintenant je m’attendais à ce que plus rien ne soit comme avant ; j’étais anxieux mais en même temps rassuré. La situation dans laquelle nous étions venait de prendre fin et j’attendais beaucoup de la suite. Oh bien sûr je m’attendais à devoir affronter son frère mais dans le fond ça ne me faisait pas peur. Il était protecteur, surement autant que moi je l’étais avec ma sœur, il voulait la protéger, lui éviter un mal inutile, l’empêcher de souffrir ; c’était des ambitions que je connaissais parfaitement et que je comprenais ; puisque je les partageais moi aussi pour ma sœur. Bon certes à cette différence près que moi je n’étais pas aussi grand, et pas aussi impressionnant… Enfin bref, j’étais plein de bonnes intentions et je n’étais pas vraiment le genre de garçon à accumuler les conquêtes, j’espérais que tout cela jouerait en ma faveur…
    J’attendais qu’elle disparaisse dans l’enceinte du bâtiment pour me mouvoir à mon tour. Maintenant il fallait que je mette de coté cette expérience pour me souvenir du programme des réjouissances qui m’attendait maintenant. Un cours de civilisation ?! Parfait ; c’était assez calme et assez facile à rattraper pour que je puisse me permettre de divaguer en regardant par la fenêtre. Ce n’était pas un choix non, mais je savais d’ors et déjà que ça arriverait ; mieux vaut prévenir que guérir n’est-ce pas.

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